Décidément, la colère quasi généralisée qui gronde en Guinée depuis quelques jours est loin de retomber. Au vu en tout cas de la situation sur le terrain qui évolue en s’envenimant. La société guinéenne en est à connaitre le désenchantement et le malaise face au dialogue de sourd qui prévaut dans ce pays. Toute chose qui ne plaide nullement en faveur d’un climat apaisé. Du moins pour l’instant ! Au grand dam de la majorité des Guinéens (es) qui ne demandent pourtant mieux que respirer une atmosphère de paix et de quiétude sociale. La crise sociale et celle politique s’en mêlent. Et il est fort à parier que la crise économique s’y invite concomitamment !
En effet, nous rentrons presque dans la troisième semaine de grève des enseignants déclenchée et conduite par une branche du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG). Laquelle est menée d’une main de fer par le téméraire syndicaliste Aboubacar Soumah qui n’aura pas reculé d’un iota face au gouvernement dans le cadre de la réclamation sans équivoque des meilleures conditions salariales pour les enseignants. Ils exigent jusqu’à huit millions de francs guinéens comme salaire mensuel pour les enseignants du pré-universitaire. Alors que le gouvernement n’entend pas les choses de cette oreille. Les autorités banalisent, en faisant dans la politique de l’autruche. Ce qui n’est pas sans envenimer la situation. A peine si le pouvoir de Conakry ne s’inscrit pas dans le déni systématique de son vis-à-vis qui, tantôt , deviennent à ses yeux des interlocuteurs officiels, tantôt considérés comme des rebelles et leur grève illégitime. Préférant discuter avec l’autre camp dirigé, qui a déjà perdu le soutien de la base, par Sy Savané. Au nom d’un bicéphalisme qui ne dit pas son nom.
Les écoliers sont restés à la maison pendant ce temps et le risque est plus que grandissime de s’acheminer, en tout cas avec cette allure, vers une année blanche. Sans que cela n’émeuve personne. Pas moins en tout cas le gouvernement qui fait montre d’une indifférence notoire face à la déperdition de l’année scolaire, les dégâts matériels et autres cas de morts qui en ont résulté. Jusque-là le pire est à craindre.
Comme pour ne rien arranger à cette situation naguère chaotique, une autre branche syndicale dénommée l’Union Générale des Travailleurs de Guinée (UGTG) y va de sa menace de grève. Le lundi 26 février est fixé pour une grève générale et illimitée des fonctionnaires de l’Etat sur l’ensemble du territoire nationale. A ce niveau, les enseignants ne sont pas les seuls concernés. Une paralysie sans précèdent en perspective si jamais rien n’est fait pour sauver les meubles. Il est vrai que le gouvernement s’est fendu récemment d’un communiqué indiquant concéder à l’augmentation des salaires des enseignants à hauteur de 10% à compter de fin février. Une situation de concession qui intervient après que le gouvernement ait menacé de suspendre les salaires de tout enseignant qui ne retournerait pas en classe à partir du lundi 26 février. Mais peut-on ménager sa monture en plein gué ? La réponse est sans aucun doute, non. Etant entendu surtout la réclamation d’augmentation salariale faite par le SLECG est à hauteur de 40% à partir du fin février . Sans compter l’exigence de paiement du salaire intégral du principal meneur de la grève Aboubacar Soumah, dit-il, avec effet rétroactif. Son salaire ayant été suspendu tout au long de la durée de la grève.
Mieux, une crise politique au relent postélectorale se dessine au firmament guinéen déjà très assombri par les cas de morts signalés ça et là à travers tout le pays. L’opposition qui dit n’être pas d’accord sur les résultats totaux globaux diffusés par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) issus des élections locales du 04 février dernier, bombe le torse une nouvelle fois de réinvestir la rue. Comme à son habitude d’ailleurs. Elle proteste conteste des résultats qui donnent le parti au pouvoir Rpg-arc-en-ciel du président Alpha Condé largement victorieux sur ses rivaux. Lesquels brandissent le chiffon rouge de manifestations en série qui commenceront à tracer leur ligne le même lundi 26 février par une journée ville-morte. Et Dieu seul sait les conséquences désastreuses de ces manifestations lesquelles, à en croire la statistique dressée par l’aile dure de l’opposition dirigée par Cellou Dalein Diallo, ont enregistré très lourd bilan estimé à près de cent morts.
Le tout est couronné par des discours va-t’en guerre, d’incitation à la haine ethnique et à la violence. La paternité de ce genre de discours de l’autre temps est assurée aussi bien par la mouvance au pouvoir que l’opposition dite républicaine. Les derniers cas en date étant venus de Sanoussi Bantama Sow, ministre des Sports et de la Culture. Et Soriba Bangoura (soria) candidat de l’UFDG, opposition) à Matam, une des cinq communes de Conakry.
Au vu de ce qui précéde, il est futile de dire que nous nous acheminons en Guinée vers des lendemains qui déchantent. Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens.
Youssouf Diallo