Les étudiants de l’Institut national de la Jeunesse et des Sports d’Abidjan ont coupé mercredi pendant près d’une heure la circulation sur le névralgique pont Henri Konan Bédié (HKB) après la mort accidentelle d’un étudiant protestant contre leurs conditions de vie.
Les jeunes sont sortis de l’INJS et ont bloqué la circulation sur le « 3e pont » à proximité, lançant des pierres avant d’être dispersés par les forces de l’ordre à coups de gaz lacrymogène et de refluer vers l’Institut.
Abidjan est située sur une lagune et ne compte que trois ponts qui l’enjambent. Inauguré en décembre 2014, le 3e pont est vital pour la circulation dans une ville en proie aux embouteillages.
Le mouvement de colère a explosé après la mort d’un étudiant blessé alors qu’il faisait du sport et que ses camarades ont voulu emmener au centre médical de l’Institut.
« Le centre était vide alors qu’il doit être prêt à accueillir des patients. Pas d’ambulance non plus. On l’a transporté nous-mêmes à l’hôpital où il est décédé », a expliqué à l’AFP Henri Kao, un étudiant de l’Institut.
Pour les étudiants, la mort de leur camarade est le symptôme de leurs mauvaises conditions de vie. Ils pointent notamment du doigt les 4.000 logements construits pour les jeux de la Francophonie (juillet 2017) qui devaient permettre de loger les 1.500 étudiants de l’Institut.
« Je vis à Abobo (grand quartier populaire de la capitale). Je me lève à 4H00 pour venir et je suis exposé aux +microbes+ » (petits délinquants), souligne Henri Kao.
« On nous avait promis des logements mais depuis deux ans, on attend. Il y a des délégations étrangères, des invités… Mais nous, on est dehors », affirme Romaric Kouassi Koffi.
« Nous payons chacun 5.000 francs CFA (7,5 euros) par an d’assurance pour les soins médicaux mais on ne reçoit pas de soins. La preuve avec la mort de notre camarade. On paie nos frais médicaux. On paie aussi 25.000 FCFA (40 euros) une tenue de sport que nous n’avons jamais reçue. Quant à nos bourses, on attend depuis le 11 mars », assure-t-il.
Abidjan a accueilli avec succès en 2017 les 8es jeux de la Francophonie. Cet événement, dans lequel le gouvernement a investi beaucoup d’argent, était considéré comme une priorité pour montrer au monde la paix retrouvée du pays et sa renaissance économique.
La cité accueillant les athlètes devait être transformée par la suite en cité universitaire selon le cahier des charges.
Avec AFP