Lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les chiliennes étaient dans la rue. Toutes se sont mises à chanter une chanson « Un violador en tu camino » (Un violeur sur ton chemin). Une performance qui a suscité l’admiration et qui a été reprise partout dans le monde, y compris en France.
« Le violeur, c’est toi ». Voici la principale phrase qui ressort de cette chanson, rapidement devenue un symbole contre les violences faites aux femmes. Tout est parti du Chili à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes le 25 novembre.
Un collectif de féministes, Las Tesis (Les thèses), a créé une chanson pour dénoncer les violences subies par les femmes. Intitulée « Un violador en tu camino » (un violeur sur ton chemin), la chanson est aussi accompagnée d’une chorégraphie. Les paroles sont assez claires et ne laissent pas de place au doute.
Dafne Valdés, Paula Cometa, Sibila Sotomayor et Lea Caceres sont les quatre femmes derrière ce tube et cette chorégraphie, dansée pour la première fois le 20 octobre dernier. D’après la CNN, elles ont toutes les quatre 31 ans et vivent à Valparaiso, la deuxième ville chilienne derrière la capitale Santiago. La chanson est vite devenue virale partout dans le monde.
Les institutions mises en cause
Dans cette chanson, les institutions sont clairement montrées du doigt et dans tous les sens du terme. « Le patriarcat est un juge / Qui nous reproche d’être nées / Et notre punition / C’est la violence du moment / Ce sont les féminicides / L’impunité pour mon assassin / C’est la disparition / C’est le viol » peut-on entendre dans le premier couplet.
Le refrain se charge du reste : « Le violeur, c’était toi / Le violeur, c’était toi / C’est la police / Les juges / L’État / Le Président. / L’État oppressif est un violeur masculin ». Dans la chorégraphie, les femmes pointent avec leurs doigts pour faire écho à ces paroles.
Un malaise général au Chili
En plus des violences faites aux femmes, le Chili connaît une crise sociale importante. De nombreuses manifestations ont secoué le pays ces dernières semaines. Les inégalités se font de plus en plus sentir dans ce pays qui connaît pourtant une bonne forme au niveau de son économie.
Les manifestations ont été durement réprimées par la police du pays. 23 personnes ont perdu la vie depuis le début de la vague de contestation et 5 000 ont été blessées. C’est à ce moment que les femmes sont entrées en jeu, dénonçant des insultes sexistes, des humiliations ou même des viols.
Ces violences sont malheureusement très nombreuses dans les pays d’Amérique Latine. 3 529 femmes dans 25 pays en 2018 sont mortes suite à des violences sexistes selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Une chanson reprise partout dans le monde
Ce mercredi 4 décembre, une nouvelle représentation de la chanson a eu lieu dans la capitale chilienne Santiago. La chorégraphie a été dansée à plusieurs reprises à partir de 19h30 heure locale. Selon les médias locaux, 4 000 à 6 000 personnes se sont rassemblés sans faire d’incident majeur.
Le chant est vite devenu un symbole à travers le monde. Barcelone, Bogota, Mexico, Berlin, Vancouver, Londres, Sydney ou encore Paris ont été le théâtre de ces rassemblements et de ces chorégraphies. Dans la capitale française, le rassemblement a eu lieu le 29 novembre dernier devant la Tour Eiffel.
Et les paroles ont bien sûr été adaptées par les quelque 150 personnes qui participaient au mouvement. « Le coupable, ce n’est pas moi, ni mes fringues, ni l’endroit » ont-elles notamment scandé.