《 la question de l’organisation et de performance de l’administration publique est à la fois technique et politique […], située à la croisée de la réalité administrative et des évidences théoriques.》 Dès lors, 《 Il faut une véritable interaction entre les choix politiques suffisamment motivés et des décisions techniquement justifiées》.
En management public moderne, les impératifs de satisfaction de l’intérêt général marque le passage d’une logique de moyens à une logique de résultat, donc, la gestion axée sur le résultat. À ce titre, l’évaluation des politiques publiques devient l’un des critères de performance des administrations.
Cette performance se mesure à l’aune des conclusions qui résultent de la comparaison des objectifs aux résultats ainsi que les moyens affectés. C’est ainsi qu’on peut mesurer l’efficacité et l’efficience des administrations publiques.
Dans le contexte guinéen, le constat semble dramatique. La culture d’évaluation dans l’administration publique guinéenne reste un objectif à réaliser.
Depuis près d’une décennie, l’amorce d’un programme de réforme de l’État et de modernisation de l’administration publique est de mise sur le plan théorique. Il s’articule autour de six axes stratégiques : i) la révision du cadre institutionnel ; ii) la rationalisation des structures de l’administration centrale; iii) l’amélioration et l’adaptation des structures de l’administration centrale; iv) l’amélioration des procédures de coordination interministériel; v) la déconcentration, la décentralisation et les services aux citoyens; vi) la communication.
Toutefois, dans les faits, ce programme ne semble pas produire d’effets escomptés par manque de vocation, de vision harmonisée et de coordination des actions à travers un schéma directeur de réforme.
Depuis le 5 septembre 2021, l’idée de refondation de l’État s’est vite invitée dans la conscience gouvernementale, par la rectification institutionnelle, la lutte contre la corruption et la personnalisation de la politique. Or, la mise en œuvre de toutes ces politiques de réforme de l’État n’a de sens que si elle est mise en œuvre par une administration compétente et sensible au développement.
Refonder l’État, c’est aussi l’amélioration de la gouvernance territoriale. Cela passe impérativement par la professionnalisation du métier d’administrateurs territoriaux à travers une formation adaptée, le renforcement de la libre administration des collectivités locales par l’effectivité de leur autonomie ( financière, organique et décisionnelle ) et le renforcement du contrôle citoyen de l’action publique.
L’administration publique guinéenne est caractérisée par une sorte de pléthore institutionnelle à responsabilité similaire voire identique. Ce qui, dans les faits, lui donne le statut d’une administration budgétivore aux résultats peu efficaces.
La confusion des compétences met en veilleuse la production des services publics, donc, la satisfaction de l’intérêt général. Cela engendre sans doute la crise de confiance entre l’administration et les usagers. Il est impératif que les réformes tiennent compte de la simplification des procédures administratives, en vue de rétablir la confiance entre les services publics et les usagers.
Notre administration publique doit passer d’une administration de commandement à une administration de développement. À cet effet, des objectifs clairs doivent être assignés à toutes les structures publiques de l’État, qu’elles soient évaluées sur la base des résultats obtenus à partir des objectifs assignés. Cette évaluation part de la conception à la mise en œuvre des politiques publiques sectorielles. C’est de cette façon que nous pouvons instaurer la culture de redevabilité.
Cela dit, à l’image des principes de gestion privée, il convient d’assigner à chaque administrateur une fiche de poste à travers des objectifs clairs et précis, que chaque agent public sache ses missions et prérogatives. L’intérêt d’une telle démarche vise à établir une grille d’évaluation pour chaque administrateur, en vue de ressortir les écarts dans la mise en œuvre des compétences ( savoir, savoir-faire et savoir-être ). C’est sur la base des résultats de cette évaluation que des programmes de formation seront planifiés à l’effet de corriger les insuffisances professionnelles. Aussi, promouvoir les cadres compétents par l’instauration de la culture de méritocratie.
Les agents de l’État dans la production des services publics,《 doivent adopter le culte de résultat, et cultiver davantage la probité, la loyauté, l’humilité, le respect et la courtoisie. L’administration publique doit être au service des usagers par sa proximité, sa simplicité, sa disponibilité, sa célérité, la lisibilité et l’efficacité de ses actions. Au-delà de ces vertus, l’administration est tenue de s’adapter aux exigences citoyennes. S’adapter pour être une administration de développement, afin de mieux assumer son rôle de locomotive, vecteur de compétitivité et de performance 》.
En définitive, 《 la préoccupation relative à la volonté de prendre en charge la demande sociale confère à l’Etat des responsabilités accrues, qu’il convient d’assumer pleinement 》. Cela exige planification, méthode et compétences.
Mory Damas KOUROUMA
TEL : 625357474
MAIL : morydamas1@gmail.com