Epinglés par la junte après le putsch contre Alpha Condé et interdits de voyage, les ministres de l’ancien régime font profil bas, alors que leur président tente de se réinsérer dans le jeu politique. Ils se retrouvent obligés de solliciter les autorités guinéennes pour sortir du territoire. Depuis Istanbul où il vit désormais, l’ex-chef d’Etat Alpha Condé, qui avait jusque-la gardé une certaine réserve, s’est pour la première fois adressé aux Guinéens.
Après leur avoir présenté ses meilleurs vœux, « le professeur » a tenu à rappeler qu’il demeurait le « président élu du pays malgré le coup d’Etat du 5 septembre 2021. Condé, qui s’est réconcilié avec le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo il y a quelques mois, aurait continué à multiplier les prises de contact avec les chefs d’Etat africains. Derniers interlocuteurs en date : les présidents tchadiens et congolais Mahamat Idriss Déby et Félix Tshisekedi, que l’ancien homme fort de Conakry aurait personnellement appelé.
Pression accrue du pouvoir
L’activisme du président déchu tranche cependant avec l’état de léthargie dans lequel l’ensemble de ses anciens ministres et hauts cadres de son administration se trouvent plongés depuis le coup d’Etat du colonel Mamadi Doumbouya.
Collectivement poursuivis pour
« corruption, enrichissement illicite,
détournement de biens publics et blanchiment d’argent », les ministres du second gouvernement d’Ibrahima Kassory Fofana actuellement en prison, ont tous été auditionnés en 2022 sans pour autant être blanchis des faits qui leur sont reprochés. Pour l’heure, seule Sala Fanta Fanyi Camara, la ministre du tourisme, de l’hôtellerie et de l’artisanat, a bénéficié d’un classement sans suite dans cette affaire.
Les autres subissent, quant à eux, une pression accrue de la part du nouveau pouvoir. Un an après le coup, leurs comptes bancaires restent toujours gelés sur ordre du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Ces dirigeants, qui s’étaient vus retirer leurs passeports diplomatiques au lendemain du putsch, ont également interdiction de voyager même avec des passeports ordinaires. La police aux frontières de l’aéroport international de Gbessia à Conakry tient un registre d’interdictions de sortie de territoire dans lequel figurent leurs noms.
Ceux qui envisagent de se rendre à l’étranger doivent transmettre une demande manuscrite à l’adresse de l’homme fort de Conakry, dans laquelle ils détaillent les motifs de leur voyage. Dans le même temps, ces dignitaires de l’ère Condé doivent écrire au procureur général de Conakry, Yamoussa Conté, qui statue sur la demande, avant de faire suivre le courrier à l’actuel garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright. Jusqu’ici, ces requêtes ont toujours été rejetées par les autorités guinéennes.
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