Trois ministres se sont rendus à Boffa mi-novembre pour tenter de trouver une issue au conflit qui oppose la direction de la filiale du groupe chinois à ses salariés et aux communautés locales. L’objectif est de reprendre au plus vite la production, interrompue depuis le 23 octobre.
Le géant chinois public de l’aluminium Chalco, qui exploite deux gisements importants de bauxite au nord de Boffa, à l’ouest de la Guinée, est engagé depuis le 8 novembre dans des négociations cruciales avec les autorités locales et nationales. Le 23 octobre, le groupe, piloté depuis Pékin, avait suspendu l’és activités extractives de sa filiale guinéenne Chalco Guinea Company, renvoyant chez lui l’essentiel des quelque 1 000 employés directs et indirects de la mine. Il n’avait conservé que le personnel nécessaire à la maintenance des sites.
Cette décision, qualifiée de brutale par les représentants syndicaux, avait ulcéré les autorités régionales, qui avaient sonné l’alarme à Conakry. La direction générale de Chalco a été convoquée le 8 novembre au ministère du travail dans la capitale pour s’expliquer. Le 13 novembre, les ministres des • mines Moussa Magassouba, de l’administration du territoire Mory Condé, et du travail Julien Yombouno, se sont tous les trois rendus à Boffa pour y rencontrer les autorités et communautés locales. Après le retour des ministres à Conakry, les discussions en vue d’une reprise des activités de Chalco se sont poursuivies, sous la houlette du gouverneur de la région de Boké Mamadou Camara et du préfet de Boffa, le colonel Mamadou Ciré Bah. Y ont participé notamment Chai Wei, le DG de la filiale guinéenne de Chalco, son adjoint Ahmed Sékou Tidiane Tounkara, et le directeur adjoint de la mine
Mohamed Lamine Keita.
Ashapura et Bel Air impactés
En conflit avec les syndicats de salariés et les communautés avoisinantes, Chalco affirme avoir dû interrompre sa production en Guinée pendant près de 100 jours entre janvier et mi-octobre 2023, et n’avoir produit que 11 millions de tonnes de bauxite contre les 18 millions prévues, en raison des grèves à répétition et des barrages routiers empêchant l’accès à ses sites. Mais selon Mohamed Ali Camara, représentant de l’Union générale des travailleurs de Guinée (UGTG) chez Chalco, la durée d’interruption liée aux blocages locaux a été beaucoup plus courte.
Chalco a démarré l’exploitation de bauxite à Boffa en 2018. Il gère une flotte de navires ainsi que des terminaux fluviaux et maritimes minéraliers dans la région. La suspension de ses activités entrave aussi les exportations des autres miniers voisins, dont l’indien Ashapura et le britannique Bel Air Mining, qui lui revendent une partie de leur production.
Chalco dans l’attente d’un nouveau patron à Pékin
Ces difficultés pour Chalco en Guinée interviennent alors que sa maison mère Chinalco vient de nommer fin octobre un nouveau président, Duan Xiangdong. Chinalco est aussi présent en Guinée comme actionnaire à 40 % du consortium Simfer, mené par Rio Tinto, qui développe le projet minier de la moitié nord du méga-gisement de fer du Simandou. De son côté, Chalco attend toujours la nomination d’un nouveau dirigeant depuis la démission en juillet de Liu Jianping.
Pékin a misé sur la Guinée comme une alternative clef à ses approvisionnements australiens et indonésiens en fer et en bauxite. Chalco et les autorités guinéennes devraient trouver une issue au conflit
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