Alors que l’actualité est marquée par une indignation de plus en plus générale contre des brouillages des ondes de certains médias privés, un ancien ministre opposé à la loi sur la liberté de la presse, invoque celle-ci pour se défendre dans une procédure judiciaire contre lui. Ironie du sort !
La loi sur la liberté de la presse, souvent invoquée par les organisations professionnelles de presse, ne protège pas que ceux qui pratiquent ce métier à risque dans des pays comme la Guinée où les prédateurs de la liberté d’expression sont nombreux. A travers elle, le législateur protège aussi ceux qui, en intervenant dans les médias, commettent des délits. Ce sont des délits par voie de presse. Mais cela, beaucoup ne le comprennent pas quand ils sont au pouvoir. C’était le cas de l’ancien ministre de l’Information et de la Communication, Alhousseny Makanéra Kaké.
Ministre de l’Information et de la Communication, il a fait feu de tout bois pour dénoncer la loi sur la liberté de la presse. Selon lui, cette loi spéciale qui protège les journalistes est discriminatoire parce qu’elle placerait une catégorie de guinéens au-dessus des autres.
Des années après avoir perdu son poste au gouvernement, le même Makanéra Kaké, redevenu citoyen simple, est attrait en justice par un autre homme politique : Dr Ousmane Kaba, président du PADES et fondateur de l’université Koffi Annan de Guinée qui a porté plainte pour diffamation.
Il a comparu mardi, 05 décembre 2023 devant le tribunal de première instance de Dixinn. A la barre, l’ancien ministre rappelle que les propos pour lesquels il est poursuivi ont été tenus dans une émission de télévision, précisément sur Djoma média. Pour cela, dès le début de l’audience, il invoque des manquements dans la procédure notamment en termes de respect des articles 134 et 136 de la loi sur la liberté de la presse.
Si ce n’est pas d’expliquer autrement ses propos qu’il dit ne pas être constitutifs de diffamation, la seule chose à laquelle s’accroche Alhousseny Makanéra Kaké pour sa défense, ce sont les dispositions de deux articles de la loi sur la liberté de la presse qu’il considérait être une faveur de trop faite aux journalistes lors de la transition de 2008-2010.
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