Barreau de Guinée : les avocats indexés par Joli peuvent-ils continuer à assurer la défense de leurs clients ?
Les 9 et 10 janvier 2024, Youssouf Touré alias Joli, a accusé des avocats de Dadis et un avocat de Thiegboro d’avoir cherché à le soudoyer afin qu’il donne un témoignage favorable à leurs clients.
Contre Maître Sampil, il déclare que celui-ci a non seulement cherché à le rencontrer pour lui remettre une somme de 700 millions de francs guinéens mais qu’il aurait engagé des tueurs à gage pour l’assassiner et même missionné un serpent pour le tuer.
Il l’accuse même d’être impliqué dans la défense de son client au delà du raisonnable puisqu’il l’associe même à un féticheur de Guillaume Soro.
Quant à Me Keita, l’avocat de Thiegboro que Marcel avait sérieusement ridiculisé, il l’accuse d’avoir transmis la commission de Me Dinah Sampil et d’avoir demandé sa part du pot-de-vin.
Même si ces accusations peuvent paraître grotesques aux yeux de certains, une partie de l’opinion semble accorder du crédit aux propos de Joli. On peut raisonnablement se demander qu’est ce qui pousserait un avocat de la trempe de Me Sampil à abandonner sa robe, sa plume et son verbe pour confier le sort de son client à un charlatan. Pour les esprits logiques, c’est difficile à croire. Pour la plèbe, Joli dit vrai.
Pour notre part, nous avons demandé à un avocat si ses confrères peuvent continuer à assurer la défense de leurs clients après tout ce qui a été dit et entendu.
Selon cet avocat, qui souhaite rester anonyme, même si ses confrères bénéficient incontestablement de la présomption d’innocence et qu’à ses yeux Joli n’est pas un témoin crédible, ces confrères ont l’obligation morale et déontologique de se déporter. D’abord, parce qu’ils ont besoin de laver leur honneur et qu’ils doivent en priorité s’occuper de cela. Ensuite, pour ne pas que cette situation nuise d’une façon ou d’une autre à leurs clients.
Selon cet avocat, en attendant de savoir qui est vraiment ce Joli, le mal est déjà fait. Ses propos ont éclaboussé ses confrères et même la profession entière. La priorité pour ces avocats et le Barreau doit être d’élucider cette affaire.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation