Onze mois. Presque une année entière sans salaire pour les fonctionnaires du Centre International de Percussions. Onze mois de survie, de débrouille, de dettes qui s’accumulent et de promesses creuses.
Pendant ce temps, le Festival International de Djembé bat son plein, déployant des milliards pour des spectacles, des invités prestigieux et des projecteurs éblouissants.
Pour cela, on trouve de l’argent. Mais pour les salaires de ceux qui font vivre au quotidien le patrimoine culturel du pays, plus rien. Ni budget, ni solution, ni considération. Quelle ironie, quel scandale !
Ce fiasco administratif trouve sa source dans une décision mal pensée , détacher le Centre International de Percussions du ministère de la Culture pour en faire un Établissement Public à caractère Administratif (EPA). Une belle idée sur le papier, mais mal exécutée.
Parce que le travail a été confié à des amateurs. Des décideurs qui, manifestement, ne comprennent rien aux rouages de l’administration publique.
Et voilà les fonctionnaires du centre sont rayés de la liste des employés du ministère de la culture , et leur nouvelle structure autonome se retrouve sans budget de fonctionnement.
Un EPA sans financement, une coquille vide, et des familles abandonnées à leur sort.
Alors, on s’interroge , dans quel pays vivons-nous ? Comment peut-on gérer une nation avec tant de désinvolture ?
Ces fonctionnaires, qui ont dédié leur vie à la promotion et à la préservation de la culture, doivent-ils vraiment payer le prix de l’incompétence ?
La situation est dramatique. Derrière chaque mois de salaire impayé, il y a des familles plongées dans la détresse. Des enfants déscolarisés, des logements menacés d’expulsion, des espoirs broyés. Ce n’est plus une question de gestion administrative, c’est une question d’humanité.
Si des milliards peuvent être trouvés pour un festival, ces mêmes milliards peuvent et doivent être utilisés pour redresser ce scandale et redonner leur dignité à ces fonctionnaires. Tout autre choix serait une trahison supplémentaire envers ceux qui portent, chaque jour, la fierté culturelle du pays.
Wô pôpa min
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant