Les malades éternels sont de retour à la Maison centrale de Conakry, et cette fois, ce n’est pas pour une simple consultation. Sylla Bill Gates, l’ancien intendant à la présidence sous Alpha Condé, Amadou Damaro Camara, ex-président de l’Assemblée nationale, Mohamed Lamine Bangoura, ex-président de la Cour constitutionnelle, et bientôt Kassory Fofana, ex-premier ministre, font leur grand retour après avoir développé, avec une expertise admirable, des maladies incurables nécessitant des mois, voire des années, d’hospitalisation. Curieux, n’est-ce pas, que ces mêmes figures politiques, jadis robustes comme des boeufs, qui ont préféré l’ordre à la loi , soient soudainement frappées par des maladies aussi mystérieuses qu’inexplicables?
Il faut dire que ces éternels malades ont mis au point une stratégie imparable pour échapper aux piqûres des punaises et aux invasions de cafards. L’hôpital de luxe, loin des nuisances de la Maison centrale, devient un havre de paix, digne des suites présidentielles des hôtels 5 étoiles de Coronthie. Une belle astuce, non? Tout cela avec l’argent du contribuable, bien entendu, puisqu’ils sont poursuivis pour détournement de fonds publics et devraient rembourser l’État. Mais, au lieu de rendre ce qu’ils ont pris, voilà qu’ils contribuent à une autre dépense publique. Bien joué.
Mais un scénario mal écrit finit toujours par déplaire, et c’est ce que le chef de la junte a compris après une enquête minutieuse sur l’état de santé de ses pensionnaires. Les médecins des cliniques huppées du pays peinent à trouver une solution à leurs maux mystérieux. Il est donc décidé de ramener ces malades à la Maison centrale. Après tout, peut-être que là-bas, au cœur de la répression et de la rudesse, ces génies de la maltraitance financière trouveront enfin le remède miracle à leurs affections incurables. Un peu de dureté et d’austérité pourrait peut-être faire des miracles, qui sait?
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant