𝐒𝐜𝐚𝐧𝐝𝐚𝐥𝐞 𝐌𝐨𝐧𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐞𝐧 𝐒𝐨𝐮𝐬 𝐥𝐞 𝐫𝐞́𝐠𝐢𝐦𝐞 𝐝𝐮 𝐂𝐍𝐑𝐃, 𝐮𝐧𝐞 𝐦𝐞́𝐜𝐚𝐧𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐞́𝐝𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐥𝐞 𝐨𝐫𝐜𝐡𝐞𝐬𝐭𝐫𝐞́𝐞 𝐚𝐮 𝐜œ𝐮𝐫 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐁𝐚𝐧𝐪𝐮𝐞 𝐂𝐞𝐧𝐭𝐫𝐚𝐥𝐞 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐑𝐞́𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐝𝐞 𝐆𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞, 𝐫𝐞́𝐯𝐞̀𝐥𝐞 𝐮𝐧 𝐝𝐞́𝐭𝐨𝐮𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐦𝐚𝐬𝐬𝐢𝐟 𝐝𝐞 𝐫𝐞́𝐬𝐞𝐫𝐯𝐞𝐬 𝐞𝐧 𝐝𝐞𝐯𝐢𝐬𝐞𝐬. 𝐃𝐞𝐩𝐮𝐢𝐬 𝐥𝐞 𝐥𝐚𝐧𝐜𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐞𝐧𝐪𝐮𝐞̂𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐣𝐨𝐢𝐧𝐭𝐞, 𝐦𝐞𝐧𝐞́𝐞 𝐩𝐚𝐫 𝐮𝐧 𝐫𝐞́𝐬𝐞𝐚𝐮 𝐢𝐧𝐭𝐞𝐫𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥 𝐝𝐞 𝐣𝐨𝐮𝐫𝐧𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞𝐬 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐝’𝐚𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐜𝐢𝐯𝐢𝐥𝐞, 𝐮𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐦𝐛𝐫𝐞 𝐫𝐞́𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐞́𝐦𝐞𝐫𝐠𝐞 𝐚𝐮 𝐜œ𝐮𝐫 𝐝𝐞𝐬 𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞̀𝐫𝐞𝐬 𝐠𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞𝐧𝐧𝐞𝐬.
Les deux premiers volets de cette investigation ont mis en lumière une affaire de corruption tentaculaire, savamment orchestrée autour du commerce de l’or par la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG). Nos révélations initiales ont exposé l’imposition d’un acteur trouble, M. Tidiane Koita, dans un contrat initialement transparent entre la BCRG et Emirates Minting Refinery (EMR). Ce fut le point de départ d’un système opaque où les prix ont été manipulés, des livraisons d’or se sont volatilisées sans laisser de traces documentées, et où la coopération institutionnelle est devenue un vœu pieux.
Le deuxième épisode de notre enquête a confirmé l’existence d’une toile complexe de sociétés écrans, alimentée par des rétrocommissions vertigineuses et des violations contractuelles flagrantes. Une boucle d’enrichissement personnel, soutenue au plus haut niveau de l’État, s’est ainsi refermée sur les ressources nationales.
L’analyse minutieuse de contrats douteux, de flux financiers suspects et de complicités étatiques a révélé des transferts illégaux dépassant les 70 millions de dollars américain, transitant par des canaux obscurs.
Ce qui n’était qu’une suspicion s’est mué en une certitude accablante , un système de prédation économique est à l’œuvre, utilisant les leviers monétaires pour une captation illicite des richesses du pays.
Aujourd’hui, ce troisième volet de notre investigation nous plonge au cœur du scandale, dévoilant, preuves à l’appui, les méthodes concrètes par lesquelles les précieuses réserves en devises de la Guinée ont été méthodiquement aspirées vers l’étranger.
𝐑𝐞́𝐯𝐞́𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐬𝐢𝐯𝐞
La BCRG orchestre la fuite des dollars vers Dubaï. L’objectif officiel affiché par la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) lors de ses opérations d’achat d’or est limpide , renforcer les réserves en devises étrangères, en particulier le dollar américain (USD), pilier de toute économie stable.
Pourtant, ce qui se déroule dans l’ombre des bureaux de la BCRG défie toute rationalité économique et s’apparente à un sabotage délibéré de la souveraineté financière du pays. Des documents exclusifs, datés du 26 février 2023 et que nous avons pu consulter, mettent en lumière une manœuvre troublante. Les sociétés Hypro Mining et Siramamba Mining, toutes deux contrôlées par M. Tidiane Koita, ont adressé à la BCRG des lettres d’une similitude frappante, quasi-identiques, stipulant que les paiements liés à la vente d’or seraient effectués exclusivement en francs guinéens (GNF).
Ce procédé, loin d’être une simple formalité administrative, constitue la pierre angulaire d’un mécanisme sophistiqué de captation illégale de devises étrangères, orchestré avec une précision chirurgicale depuis les plus hautes sphères de l’institution monétaire de la Guinée jusqu’au sommet de l’exécutif.
La mécanique est implacable : une fois les GNF encaissés par les sociétés de M. Koita, le Gouverneur de la BCRG lui-même donne l’ordre aux banques commerciales de transférer des sommes colossales en dollars américains… directement vers Dubaï, sur des comptes appartenant à M. Koita ou à des entités qui lui sont étroitement liées.
𝐔𝐧𝐞 𝐚𝐛𝐞𝐫𝐫𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞̀𝐫𝐞, 𝐮𝐧𝐞 𝐡𝐞́𝐫𝐞́𝐬𝐢𝐞 𝐌𝐨𝐧𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐚𝐮𝐱 𝐜𝐨𝐧𝐬𝐞́𝐪𝐮𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐬𝐚𝐬𝐭𝐫𝐞𝐮𝐬𝐞𝐬
Au lieu d’attirer des devises étrangères vers la Guinée la raison affichée de l’achat d’or , la BCRG opère un mouvement inverse, vidant les coffres de l’État de ses précieuses réserves en dollars. Ce renversement de logique, aussi absurde que destructeur, constitue une violation flagrante non seulement des principes fondamentaux de la politique monétaire, mais également des clauses contractuelles signées avec M. Koita. Les devises étaient censées transiter de Dubaï vers Conakry, et non l’inverse.
Une question lancinante hante désormais les observateurs : pourquoi recourir à un intermédiaire tel que M. Koita si la BCRG avait la capacité de traiter directement avec les raffineries d’or ? À cette interrogation légitime, aucune réponse officielle n’a été fournie. Seul un silence opaque émane des cercles décisionnels, signe d’un système hermétiquement verrouillé.
𝐒𝐩𝐞́𝐜𝐮𝐥𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞́𝐠𝐮𝐢𝐬𝐞́𝐞 𝐞𝐧 𝐩𝐨𝐥𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞
Les profits scandaleux de l’intermédiaire selon des sources proches du dossier, M. Koita bénéficierait d’un accès privilégié et suspect au marché des devises. Il aurait la possibilité d’acheter des dollars américains auprès des banques commerciales au taux officiel de 𝟖 𝟔𝟏𝟓 𝐆𝐍𝐅, pour les revendre quasi-immédiatement sur le marché noir à un taux avoisinant les 𝟗 𝟑𝟎𝟎 𝐆𝐍𝐅. Le résultat de cette opération est un bénéfice net de plus de 𝟕𝟎𝟎 𝐆𝐍𝐅 𝐩𝐚𝐫 𝐝𝐨𝐥𝐥𝐚𝐫, réalisé sans aucune prise de risque, sans aucune contrepartie économique tangible pour le pays, et sans le moindre contrôle apparent.
En multipliant ce gain par les dizaines de millions de dollars transférés, on obtient une véritable hémorragie financière pour la Guinée, habilement dissimulée derrière le vernis d’une opération monétaire légitime.
Preuves irréfutables des cascades de virements suspects ordonnés par la BCRG
Nous avons pu obtenir un premier aperçu des virements effectués au profit d’un même bénéficiaire les entités ETS SOSIM et MAF GOLD TRADING – sur instruction directe et formelle du Gouverneur de la BCRG :
● 04 avril 2023 : Banque Populaire Maroco guinéenne – Transfert de 𝟏𝟖.𝟏𝟏𝟒.𝟎𝟕𝟗,𝟓𝟐 𝐔𝐒𝐃 𝐚𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐌𝐀𝐅 𝐆𝐎𝐋𝐃 𝐓𝐑𝐀𝐃𝐈𝐍𝐆 (Ordre signé par M. Kourouma Ibrahima et M. El Mostafa Fahraoui).
● 04 avril 2023 : NSIA Banque – Transfert de 𝟐𝟗.𝟗𝟑𝟑.𝟎𝟐𝟏,𝟒𝟏 𝐔𝐒𝐃 𝐚𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐄𝐓𝐒 𝐒𝐎𝐒𝐈𝐌 (Ordre signé par Mme Christelle ZONGO).
● 04 avril 2023 : NSIA Banque – Transfert de 𝟐𝟗.𝟓𝟒𝟐.𝟓𝟗𝟎,𝟔𝟗 𝐔𝐒𝐃 𝐚𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐄𝐓𝐒 𝐒𝐎𝐒𝐈𝐌 (Ordre signé par Mme ZONGO).
● 03 avril 2023 : CORIS BANK – Transfert de 𝟕.𝟖𝟖𝟓.𝟕𝟑𝟗,𝟗𝟖 𝐔𝐒𝐃 𝐚𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐄𝐓𝐒 𝐒𝐎𝐒𝐈𝐌 (Ordre signé par MM. Tété Benissan et Vakantié Doumbia).
● 03 avril 2023 : CORIS BANK – Transfert de 𝟒.𝟒𝟎𝟒.𝟐𝟐𝟕,𝟑𝟎 𝐔𝐒𝐃 𝐚𝐮 𝐩𝐫𝐨𝐟𝐢𝐭 𝐝𝐞 𝐄𝐓𝐒 𝐒𝐎𝐒𝐈𝐌 (Ordre signé par les mêmes signataires).
Le montant total cumulé de ces seuls virements s’élève à la somme astronomique de 𝟖𝟗.𝟖𝟕𝟗.𝟔𝟓𝟖,𝟗𝟎 𝐝𝐨𝐥𝐥𝐚𝐫𝐬 𝐚𝐦𝐞́𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐬, transférés en l’espace de quelques jours seulement vers Dubaï, transitant par les réseaux de M. Koita.
𝐔𝐧 𝐩𝐢𝐥𝐥𝐚𝐠𝐞 𝐦𝐨𝐧𝐞́𝐭𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐞́𝐡𝐨𝐧𝐭𝐞́ 𝐚𝐮 𝐝𝐞́𝐭𝐫𝐢𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐮 𝐩𝐞𝐮𝐩𝐥𝐞 𝐠𝐮𝐢𝐧𝐞́𝐞𝐧
Dans un pays où l’inflation ronge le pouvoir d’achat des ménages, où l’accès aux devises étrangères est sévèrement restreint pour les acteurs économiques légitimes, et où les entreprises peinent à se développer faute de liquidités, une telle fuite organisée des maigres ressources nationales constitue un crime économique d’une ampleur considérable rarement orchestré dans la gouvernance publique en Guinée.
Les questions qui brûlent désormais les lèvres sont multiples et exigent des réponses claires et transparentes :
– Qui protège un tel système de prédation au sein des institutions guinéennes ?
– Jusqu’où s’étend la chaîne de complicité au sommet de l’État Guinéen ?
– Et surtout, qui assumera un jour le coût politique, économique et historique de ce pillage organisé des ressources de la nation ?
Les prochains développements de notre enquête promettent de révéler des aspects encore plus troublants de ce scandale d’État d’un régime d’oligarchie et de kleptocratie, dévoilant des ramifications insoupçonnées d’un système démesuré où se mêlent abus de pouvoir, réseaux d’influence occultes et une trahison organisée de l’intérêt national par des hautes autorités de la transition.
Chaque nouvel élément que nous mettrons au jour, permettra de démêler un peu plus l’écheveau complexe de cette affaire qui ébranle les fondements mêmes de la République de Guinée dans une gouvernance qui se veut d’être appelée : la Refondation.
Affaire à suivre…
𝐄́𝐪𝐮𝐢𝐩𝐞 𝐝’𝐢𝐧𝐯𝐞𝐬𝐭𝐢𝐠𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 :
𝐀𝐛𝐝𝐨𝐮𝐥 𝐋𝐚𝐭𝐢𝐟 𝐃𝐢𝐚𝐥𝐥𝐨𝐌𝐚𝐦𝐨𝐮𝐝𝐨𝐮 𝐁𝐚𝐛𝐢𝐥𝐚 𝐊𝐄𝐈̈𝐓𝐀
𝐀𝐛𝐨𝐮𝐛𝐚𝐜𝐚𝐫 𝐀𝐤𝐨𝐮𝐦𝐛𝐚 𝐃𝐈𝐀𝐋𝐋𝐎
𝐒𝐞́𝐤𝐨𝐮 𝐊𝐨𝐮𝐧𝐝𝐨𝐮𝐧𝐨






