Ce jeudi matin, le DG de la douane et ses collègues commencent leur grand pèlerinage sacré, non pas à La Mecque, mais de la maison centrale à la CRIEF.
Mais avant même qu’ils n’atteignent les portes de la justice, des négociations secrètes se mènent au palais M5 pour leur libération sous caution.
Une petite somme d’argent, et hop, les voilà dehors, sauf si le président, Mamadi Doumbouya, décide de jouer les durs et de s’opposer à la manœuvre.
Dans l’ombre, deux conseillers du président, Ousmane Doumbouya et Papa Fofana, tous deux natifs de Siguiri, manœuvrent comme des chefs d’orchestre pour libérer Moussa, l’ex-DG de la douane, également de Siguiri.
Le même Moussa qui, en bonne stratégie politique, a généreusement parrainé un mouvement de soutien à Mamadi Doumbouya, à coups d’un milliards de nos francs , dans sa région à Siguiri la semaine dernière.
C’est drôle, non ? Que 80 % des douaniers déférés à la maison centrale soient aussi de Siguiri.
Comme un club privé où tout le monde est de la même famille, où les noms des proches sont placés par Moussa dès sa nomination à des postes stratégiques pour “manger ensemble”.
Et quand le braquage tourne mal, eh bien, on finit tous dans la même cellule, comme une grande réunion familiale .
Mais ne soyons pas naïfs, Ousmane et Papa font croire au président, que pour garder le soutien de Siguiri, il faut libérer “les dignes fils de Siguiri” qui parrainent déjà les mouvements en faveur du président.
La justice, dans cette histoire, c’est juste un mot qui ne s’applique qu’à ceux qui n’ont pas de parrain.
Qui pourrait s’opposer à ces petites manœuvres, sinon un procureur ? Mais quel procureur ose affronter ceux qui détiennent le pouvoir de nommer et de virer à leur guise ?
Quand tout le système est entre les mains de ceux qui manipulent les ficelles du pouvoir, il n’y a plus que des marionnettes.
Le seul à pouvoir dire “non” à cette farce, c’est Mamadi Doumbouya. Mais s’il avait refusé au départ d’ignorer cette affaire de douane, pourquoi serait-il différent aujourd’hui ?
Peut-être parce qu’il se rend compte que, comme disait l’autre, “la justice n’est qu’un spectacle où le public finit toujours par applaudir les mauvais acteurs”.
Et si les DG de la douane sont libérés sous caution, ce serait comme offrir des bonbons aux punaises de la maison centrale, qui se reproduisent tranquillement à l’ombre de sangs “vitaminés”. Mais surtout, cela renforcerait l’idée que la lutte contre la corruption n’est qu’un simulacre.
Ces présumés qui ont volé plus de 700 milliards ont leur place dans la maison centrale, et non pas sous la lumière des négociations politiques.
Mais tant que vous avez les bonnes connexions, tant que vous êtes sous la protection de conseillers comme Ousmane Doumbouya ou Papa Fofana, vous êtes à l’abri de toute poursuite judiciaire.
C’est comme ça, la vraie farce, un système où seuls ceux qui ne savent pas jouer les cartes sont punis.
Wô pôpa min
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant