Le président guinéen défend une réforme de la Loi fondamentale qui lui permettrait d’effectuer un troisième mandat, malgré la contestation.
Premier président de Guinée élu démocratiquement, en 2010, Alpha Condé fait face à une large contestation née de la volonté que lui prête l’opposition de faire adopter une nouvelle Constitution. Cette dernière pourrait lui ouvrir la voie à un troisième mandat, interdit par l’actuelle Loi fondamentale. Interrogé au siège de la présidence, M. Condé, 81 ans, laisse planer le doute mais défend sa démarche.
Les manifestations du 14 octobre contre le projet de révision de la Constitution se sont soldées par la mort de neuf personnes, au moins. Etes-vous inquiet ?
Il peut se passer des choses beaucoup plus graves dans le monde et on ne dit rien. Mais dès que c’est ici on dit : « Ah ! ça, c’est la Guinée »… Le ministère de la santé a décidé que dès qu’il y a un mort, il faut qu’il y ait une autopsie pour savoir qui a tiré. On fait des enquêtes. On sait que ce sont eux-mêmes [les organisateurs des manifestations] qui tirent sur les gens. Quand il y a des morts, ça impressionne la communauté internationale. Là, ce sont des tentatives de déstabilisation d’un pouvoir démocratiquement élu. L’opposition a toujours été putschiste et elle se dit que s’il y a des morts, on met ça sur le dos du gouvernement.
La police, la gendarmerie n’ont aucune responsabilité ?
Nous allons faire des enquêtes. L’armée est consignée lors des manifestations. J’ai convoqué tous les chefs de la sécurité et je leur ai dit que si un élément tire, ce sont eux qui sauteront.
Lemonde.fr