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CAPA 2021: les archives de l’université de Conakry au secours des organisateurs

Les victimes de la fraude à l’examen du CAPA de 2021 ont toujours soutenu que la composition du jury de cet examen est irrégulière.

En effet, quantitativement parlant, au lieu de 7 membres, comme le prevoit la loi, le jury était composé au maximum de 6 membres si on accepte la version du Bâtonnier selon laquelle sa secrétaire aurait confondu 5 et 6.

Qualitativement parlant, il y a longtemps qu’il a été établi par acte d’huissier que, d’une part, par une lettre en date du 25 août 2021, l’université de Sonfonia avait désigné un certain Michel Jeannette Tolno comme son représentant au sein jury du CAPA de 2021; et, d’autre part, que la lettre de désignation des 2 magistrats brandie par le Barreau de Guinée n’émane pas du Ministère de la Justice.

Nous avons nous même dénoncé cette situation dans nos récentes publications concernant le scandale autour des concours du CAPA.

Sans doute pris de panique par la mise en lumière de ce que ceux qui contrôlent le Barreau de Guinée veulent cacher à tout prix, une conférence de presse fut conviée le 24 août dernier en vue, disait-on, d’éclairer la lanterne des uns et des autres.

Au cours de cette conférence, il fut soutenu par les intervenants que la composition du jury du CAPA de 2021 était régulière.

Dans un article que nous avons fait paraître, le 25 août 2023, nous avons montré que ces affirmations sont fausses. Non seulement, contrairement à ce que prévoit la loi, le jury n’était pas composé de 7 personnes mais le professeur de droit et les 2 magistrats ont été choisis dans des conditions opaques.

Pris à nouveau de panique, les organisateurs du CAPA se sont tournés vers les archives de l’Université de Sonfonia en quête de preuve de la désignation par cette Université de Alseny Camara comme membre du jury du CAPA de 2021. Remarquons en passant que ce recours aux archives de l’Université de Sonfonia plutôt qu’à celles du Barreau est révélateur des problèmes de leadership et de management du Barreau.

Qu’ont ils trouvé ? Une lettre attribuée au Professeur Manga Keita, Recteur à l’époque des faits, et désignant M. Alseny Camara comme représentant de l’université publique au sein du jury du CAPA de 2021.

La lettre en question est datée du 6 octobre 2021 alors que la pretendue note de service portant nomination des membres du jury est du 4 Octobre 2021. Comment des professionnels du droit peuvent-ils ignorer que la proposition ne peut pas être postérieure à la décision ? Pour reprendre une expression populaire ivoirienne, « on peut faire ça ? »

Concrètement, en supposant que le graal découvert par le Barreau ne soit pas un faux, puisqu’un huissier confirme que cette lettre vient effectivement de l’université de Conakry, cette nouvelle trouvaille vient donc confirmer l’argument des victimes de la fraude de 2021 concernant la composition irrégulière du jury.

En effet, saisi par une lettre du Bâtonnier en date du 7 août 2021, le Recteur de l’université de Conakry a, par lettre en date du 25 août 2021, désigné M. Tolno. Le 6 Octobre 2021, le même Recteur désigne M. Camara, sans faire référence aucunement à sa lettre du 25 août 2021.

Que s’est-il passé entre le 25 août et le 6 octobre 2021? La réponse est simple: le Barreau de Guinée a imposé au Recteur la désignation de M. Camara à la place de M. Tolno. Maître Djibril Kouyaté, Bâtonnier à l’époque des faits, a, lui-même, reconnu devant la presse, que « le Barreau ne voyait pas d’un mauvais œil que M. Camara siège à la place de M. Tolno ». Dans ces conditions, on ne peut pas dire que l’université a désigné régulièrement son représentant, puisque c’est le Barreau qui a en réalité choisi le représentant de l’université.

Pire encore, la lettre de désignation par l’université de M. Alseny Camara date du 6 octobre 2021 alors que la note de service du Bâtonnier le nommant membre du jury date du 4 octobre 2021. Donc, la décision a précédé la proposition. Ce qui est une aberration logique.

C’est donc en vain que les organisateurs du CAPA de 2021 se mettent à justifier l’injustifiable. Les archives de l’université ne plaident pas en leur faveur.

Par ailleurs, comme en Guinée, tous les enseignants sont des professeurs, passons outre le fait que dans le cadre du CAMES, M. Camara, qui n’est pas Docteur en Droit, ne peut être considéré ni, comme un enseignant-chercheur, et encore moins comme un professeur de droit.

Pour terminer, rappelons aussi que, le 29 Octobre 2021, le Bâtonnier, qui ne faisait pas partie du Jury du CAPA de 2021, s’est autorisé à convoquer ceux qui avaient été déclarés admissibles aux épreuves orales. Pourtant, devant la presse, Maître Mamadou Diop Souaré, actuel Bâtonnier, a soutenu que le Barreau ne s’occupe que de l’organisation matérielle de l’examen du CAPA et que le jury est indépendant du Barreau et donc aussi du Bâtonnier. Si tel est vraiment le cas, comment les organisateurs pourraient-ils justifier que quelqu’un d’étranger à un jury puisse agir au nom de cet organe en lieu et place de son président ou de l’un quelconque de ses membres? Leur réponse est vivement attendue.

Konko Sory

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