Dans un coin stratégique de la Guinée, sous les fenêtres de la transition, le Commandant Aly Camara, fraîchement réintégré après des mois de purgatoire, se présente comme un modèle de dévouement et de loyauté. Mais attention, cette loyauté semble avoir un goût étrange, celui du devoir… et un peu aussi du contre-cœur.
Le Général Doumbouya, toujours aussi avisé dans ses choix de collaborateurs (même si parfois, il s’avère qu’il y a un petit “ajustement” nécessaire), reçoit des assurances qui frôlent la dévotion aveugle. Le Commandant Alia, exilé dans un passé pas si lointain où les accusations de vol, de complot et de… disons, malchance politique se mêlaient, a maintenant l’honneur de servir à Kamsar. Sa réintégration n’étant, bien entendu, qu’une formalité, car qui oserait briser les règles en ces temps de transition ? Et surtout, qui a besoin de ces détails techniques comme un arrêté ou un décret pour redresser une nation ?
“Je vous le dis, patron, j’ai des éléments prêts à vous accompagner dans vos œuvres de renforcement de la capacité opérationnelle des forces de défense et de sécurité”, déclare le commandant, avec une ferveur digne des plus grands stratèges de l’Histoire. Après tout, qui pourrait douter de la sincérité d’un homme qui, quelques mois plus tôt, ne savait plus s’il serait encore en uniforme ou en cellule ?
Souriant, mais à peine, il poursuit son discours : “Nous défendrons les valeurs de la nation, avec une intégrité sans faille et une excellence rayonnante. Oui, l’excellence ! Celle que l’on acquiert en survivant à un coup d’État, en se rachetant à coup de promesses et de sourires soigneusement calculés.”
Il se dit « conscient » des défis à venir, bien sûr, car après tout, une fois qu’on a traversé les méandres de la politique militaire locale, le reste n’est qu’un jeu d’enfant. Le Commandant, toujours aussi humble, rassure le général en lui offrant ce qui ressemble à une promesse solennelle , “Avec la discipline, la cohésion et l’esprit d’équipe, nous surmonterons les défis complexes. Car après tout, l’équipe ne se forme qu’une fois les morceaux éparpillés sont remis ensemble.”
Là, le clou du spectacle arrive. “Portons haut les couleurs de notre drapeau !” crie-t-il, comme un refrain d’une chanson patriotique. Mais dans son regard, on devine qu’il se demande si c’est le drapeau qu’il faut honorer ou la chaise qu’il a dû faire tourner avant de trouver une place confortable dessus.
Les éléments de la loyauté sont prêts, et les éléments de la reconnaissance viennent en second plan. Mais après tout, en période de transition, tout est possible. Une loyauté qui s’ajuste, un patriotisme qui se modifie à chaque changement de direction. Peut-être qu’un jour, le général Doumbouya recevra le fauteuil d’or qu’il mérite… mais en attendant, il a des “éléments” prêts à servir, avec un zeste d’humilité, et une bonne dose de pragmatisme.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant