Après le scénario du 3 décembre 2009, scénario dans lequel ke Lieutenant Aboubacar Sidiki Diakité « Toumba » a tiré sur le Capitaine Dadis, puis, exécuté Makambo avant de prendre la fuite, la famille de l’aide de camp du chef de la junte d’alors avait subi toutes sortes de persécutions de la part des militaires pro-Dadis, qui le recherchaient.
Ses frères, tantes, cousines, cousins et nièces, entre autres, ont fui leur domicile de Koloma et l’Aviation pour chercher refuge chez d’autres personnes à l’effet d’échapper à la colère des éléments du capitaine Dadis.
Et cette scène surréaliste avait duré pendant plus d’un mois, jusqu’au transfert du pouvoir au général Sekouba konaté qui avait été investi président de la transition après les accords de Ouaga.
Alseny Diakité frère aîné de Toumba Diakité, était un chauffeur de taxi interurbain avant l’avènement du CNDD au pouvoir.
Pendant la transition dans laquelle son petit frère fut nommé aide de camp du chef de la junte, le grand frère de Toumba a abandonné son métier de chauffeur, pour s’occuper des chantiers et autres business de son jeune frère.
Dans cet intervalle de temps, Alseny possédait plusieurs véhicules de transport, qui roulaient à Conakry et à l’intérieur du pays.
Le 14 novembre 2011, une attaque à main armée s’est opérée à Labé où les bandits, à bord d’un taxi, ont été pourchassés par les gendarmes qui ont tiré sur les pneus du véhicule avant de réussir à immobiliser la voiture.
Pris de panique, les bandits ont abandonné le véhicule et ont pris la poudre d’escampette. Les gendarmes ont pu mettre main sur deux bandits dont le chauffeur. Ils ont ainsi procédé aux fouilles systématiques du véhicule. Ils ont trouvé une arme PMAK dans le véhicule et d’autres objets et des fétiches.
Sur la carte grise du véhicule était mentionné le nom de Alseny Diakité et son numéro de téléphone. Les gendarmes ont procédé à l’audition des deux bandits arrêtés. Le chauffeur a confié aux agents enquêteurs que la voiture appartient au frère aîné de Toumba Diakité.
Le 20 novembre 2011, une équipe composée de 8 pickup remplis de gendarmes ont fait une descente musclée au domicile familial de Toumba Diakité à Koloma. Son frère aîné Alseny Diakité fut arrêté.
Au même moment, une rumeur sur le retour du Lieutenant Toumba Diakité s’empare de Conakry. Les gendarmes qui procédaient aux fouilles dans la maison familiale de Toumba posaient la question à son grand frère où se trouvait Toumba. Et il répond qu’il ne sait pas.
Il fut conduit à l’escadron de Cosa. Et le même soir, la même équipe se rend au 2e domicile familial au quartier Aviation, toujours à la recherche de Toumba Diakité.
Son grand frère, poursuivi pour association des malfaiteurs, vol à mains armées, a été ligoté pour répondre aux questions des enquêteurs. Il a dit aux enquêteurs qu’il ne connaît pas le cas de vol de Labé, qu’il ne connaît pas les bandits, qu’il n’a jamais non plus volé. Et que si son chauffeur utilise son véhicule dans une opération de vol à main armée cela ne l’engage pas.
Sous la torture, les gendarmes lui demandent où se trouve son frère Toumba qui serait de retour à Conakry. Alseny Diakité, très épuisé, répond qu’il ne connaît pas.
Les gendarmes le laisseront, ligoté, dans la cellule, avec d’autres détenus. Après plusieurs heures, il a rendu l’âme aux environs de 23h. Son chauffeur qui était aussi dans la même cellule a crié et a fait savoir au chef de poste le décès de M. Alseny Diakité. Les gendarmes ont ouvert la cellule en le détachant pour le conduire à la morgue d’Ignace Deen sans l’identifier.
Le lendemain 21 novembre 2011, la famille a engagé l’avocat Me Alseny Aïssata DIallo qui s’est rendu à l’Escadron de Cosa pour la défense de son client. Mais l’Escadron de Cosa lui a dit n’avoir pas arrêté Alseny Diakité.
Maître Alseny Aïssata a ainsi parcouru tous les escadrons et brigades de la ville de Conakry en vain. Son client, Alseny Diakité, ne se trouvait dans aucune des prisons. Il a été tué et son corps fut déposé à la morgue d’Ignace Deen sans être identifié.
Le lendemain, les deux autres présumés bandits ont été déposés à la Maison centrale de Conakry. L’avocat de la famille a porté plainte contre la Gendarmerie pour torture et assassinat. Ni le Haut Commandement de la Gendarmerie, ni le ministère de la Défense nationale n’ont articulé mot sur ce cas malheureux.
la famille a retrouvé le corps en fin décembre, le rapport d’autopsie avait confirmé sa mort par torture.
Abdoul Latif Diallo
journaliste d’investigation