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Conférence de presse du Barreau de Guinée : Maître Mohamed Traoré dans son rôle de maître-chanteur

Le jeudi 24 août 2023, à la Maison de la Presse, l’ancien Bâtonnier Maître Mohamed Traoré et ses deux successeurs ont animé une conférence de presse pour, disent-ils, éclairer l’opinion sur les concours d’admission au Barreau qu’ils ont organisé respectivement en 2016, 2018 et 2021.

Disons-le d’emblée. Si officiellement, c’est le Bâtonnier actuel, Me Mamadou Souaré Diop, qui a invité la presse, la distribution des rôles entre les trois bâtonniers présents a rapidement montré que c’est bien Maître Mohamed Traoré qui était à la manoeuvre. Quelques heures avant le point de presse, il est alarmant de constater que la plainte que le Barreau a porté à la HAC contre  Abdoul Latif Diallo et le site depecheguinee se retrouve sur plusieurs plateformes des réseaux sociaux . Puis tout au long de sa prise de parole, il s’est employé à menacer les candidats contestataires qui ont dénoncé les irrégularités du CAPA au Gouvernement et au journaliste qui n’a fait que faire son travail de journaliste. Revenons sur certains de ses propos.

Concernant d’abord la loi sur la liberté de la presse, il s’est donné le beau rôle en tant que membre du CNT de 2010. Or, sans minimiser le rôle joué par les autres, nous devons la loi actuelle sur la presse beaucoup plus à Tibou Kamara, alors secrétaire général de la Présidence, et à Souleymane Diallo, fondateur du Lynx.

Concernant la justification de la somme de 500 000 francs guinéens réclamée à chaque candidat, il reconnaît que cela n’a pas de base légale et cite les 90 000 FCFA qu’on doit payer en Côte d’Ivoire. Sauf que, d’une part, en Côte d’Ivoire, il y a une base légale et, d’autre part, le grand avocat justifie des faits passés par des faits actuels. Ce qui est une faute logique. Quant aux 100 000 GNF qui seraient réclamés aux candidats du Centre de Formation Judiciaire, il veut ici aussi justifier ses actes par ceux des autres alors que le bon sens commande qu’il montre simplement aux sceptiques la base légale de ce montant de 500 000 francs guinéens.

Maître Mohamed Traoré justifie le montant de 500 000 francs guinéens réclamé aux candidats par le fait que le Barreau ne reçoit aucune subvention de l’Etat. Par là même, il prouve que lui-même et ses successeurs n’ont jamais demandé de subvention à l’Etat. Ils ne peuvent pas reprocher à l’Etat de ne pas verser de subvention au Barreau si eux-mêmes n’en font pas la demande. Il revient au Barreau de préparer le budget de l’examen du CAPA et de le soumettre au Ministère de la Justice pour sa prise en compte dans le budget de l’Etat.

Si par incompétence, la direction du Barreau ne fait pas son devoir vis-à-vis de l’Etat, comment peut-il rendre celui-ci responsable de son incurie? Mais il est aussi possible que ce soit par choix que Maître Mohamed Traoré et Maître Djibril Kouyaté aient décidé de ne pas s’adresser à l’Etat mais aux candidats. En demandant un financement de l’examen du CAPA à l’Etat, ils s’obligent à se soumettre à un contrôle étroit de celui-ci. Mais en demandant de l’argent à des candidats en situation de faiblesse, on fait ce qu’on veut et on ne rend compte à personne. 

Il affirme que le barreau prétend ne pas avoir les moyens d’organiser le CAPA chaque année. Or , la cotisation annuelle par avocat s’élève à 2 millions, et avec plus de 300 avocats inscrits au tableau, cela équivaut à plus de 600 millions. De plus, il faut ajouter les timbres de plaidoirie de 50 000 fg par dossier et par avocat pour chaque dossier. La question qui se pose est : où vont tous ces fonds ? . 

Concernant la composition du jury, il a déclaré qu’elle était régulière et que les deux notes contradictoires publiées par Maître Djibril Kouyaté en 2021 constituent une erreur matérielle. Même en supposant vraie cette affirmation, le jury de 2021 était composé alors au maximum de 6 personnes officiellement alors que la loi prévoit 7 membres. Donc, le jury était irrégulièrement composé. Mieux, il est établi  que la personne désignée par l’université de Conakry n’a pas siégé dans le jury et avait été remplacée par un certain Alseny Camara. Puisque ce n’est pas l’université de Sonfonia qui a désigné ce Alseny Camara, qui alors l’a coopté ? Quant aux deux magistrats, il est aussi établi par constat d’huissier que la lettre de désignation brandie par le Barreau n’emane pas du Ministère de la Justice. D’où vient cette lettre de désignation? Dans quelles conditions elle a été produite ? J’espère que le Barreau va nous le dire.

Concernant l’analogie entre la composition du jury du CAPA et celle d’un tribunal, C’est soit, Me Mohamed Traoré est ignorant, soit, il se moque de l’intelligence des journalistes qui étaient en face de lui. Depuis quand les candidats à un concours s’occupent de savoir qui est membre du jury si eux-mêmes ne cherchent pas les faveurs de ces personnes? Mieux, Me Mohamed Traoré luii-même sait que la publication de la liste des membres du jury est postérieure aux épreuves. Dire donc que les candidats savaient que le jury était irrégulier mais ont quand même accepté de passer les épreuves n’est pas sérieux. C’est seulement après les examens que l’on peut peut connaître le jury et c’est seulement parce qu’on n’est pas satisfait des résultats d’un examen ou d’un concours qu’on le conteste.

Concernant les menaces contre les candidats, il s’agit ni plus ni moins que de chantage. On disait que la conférence de presse visait à éclairer l’opinion publique. Au lieu de cela, Maître Mohamed Traoré menace de publier les noms des candidats qui, selon lui, devraient se taire. Au lieu donc de répondre point par point aux accusations soulevées par les membres du Collectif, il préfère les menacer. Le porte-parole du Barreau a déclaré que les candidats contestataires qui se sont adressés au Premier Ministre et au Ministre de la Justice ont prouvé qu’ils sont de mauvais juristes puisqu’ils ignorent les recours légaux à leur disposition. Que pense-t-il de son patron qui, en violation de la loi, demande à des citoyens qui se plaignent de se taire et menace de les jeter en pâture ? Quelle est la loi qui autorise Me Mohamed Traoré qui, officiellement, n’est plus Bâtonnier, a publier les noms de ceux qui, selon lui, devraient se taire? Est-ce de cette façon qu’un ancien Bâtonnier doit se rendre justice? Monsieur le porte-parole du Barreau, est-ce là le recours légal approprié pour un professionnel du droit qui se respecte?

Concernant le rapport de l’inspection des services judiciaires, Me Mohamed Traoré affirme que ce n’est pas un rapport mais un compte-rendu. Si comme moi il avait posé la question à des fonctionnaires ou des administrateurs, il aurait su que ce document est bel et bien un rapport. En plus il affirme que l’inspection générale des services judiciaires et pénitentiaires n’a aucun droit d’inspection sur le Barreau, pourtant Le décret du 09 septembre 2022 portant  : les missions, attribution, organisation et fonctionnement de l’inspection des services judiciaires et pénitentiaires…

– d’assurer le contrôle interne de tous les services judiciaires et pénitentiaires et tout autre organisme et institutions impliqués  dans les activités à réaliser  au compte de la justice… 

L’exception de la Cour Suprême  seulement…

Concernant les menaces proférées contre le directeur de publication du site depecheguinee , la HAC étant déjà actionnée par Me Mohamed Traoré via le Bâtonnier actuel, Me Mamadou Souaré Diop, nous attendons d’abord que l’instance de régulation se prononce avant de dire quoi que ce soit.

Abdoul Latif Diallo

Journaliste d’investigation 

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