Le très médiatique procès du 28 septembre fait l’objet d’une attention accrue de la part d’une poignée d’acteurs missionnés par les Nations unies. En coulisses, ceux-ci veillent à ce que les audiences liées à cet événement tragique ne donnent pas lieu à des dérapages ethniques.
Alors que les témoignages des victimes du massacre du 28 septembre 2009 se succèdent à la barre du tribunal de Conakry depuis février, les Nations unies scrutent le déroulement des débats. Depuis New York, le procès est particulièrement suivi par la représentante spéciale du secrétaire général chargée de la question des violences sexuelles commises en période de conflit, Pramila Patten. Cette Britannico-Mauricienne, avocate de formation, connait bien le dossier : en tant qu’experte membre du comité pour l’élimination et la discrimination à l’égard des femmes, elle a mené un plaidoyer auprès de l’ONU dès 2010 afin que les responsables de 1a répression ayant entraîné la mort de plus de 150 manifestants aux abords du stade du 28-Septembre de Conakry soient jugés.
Suivi au jour le jour
Pramila Patten et ses équipes sont en contact étroit avec le bureau guinéen du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, qui effectue un « monitoring » quotidien du procès. Une poignée d’analystes sondent l’impact des débats au sein de la presse et des réseaux sociaux, faisant ensuite remonter toute déclaration à caractère ethnique susceptible de déclencher des incidents. Un travail en partie supervisé par l’actuel coordonnateur résident des Nations unies, le Béninois -Gualbert Gbehounou .
Commis par une junte dominée par la communauté des forestiers et ayant causé une bonne partie de victimes peules, les incidents du 28 septembre 2009 ont longtemps alimenté des discours ethnicistes au sein de la société guinéenne. Le risque qu’un tel procès puisse mener à un regain de tensions a même été largement abordé au cours d’une série de formation dispensées par des experts de l’ONU auprès de magistrats guinéens amont du jugement.
Washington et Paris concernés
Un des acteurs clés de cette coopération est l’ancien garde des Sceaux et président de la Cour suprême de Mauritanie, Ahmedou Tidjane Bal.
Aujourd’hui consultant judiciaire senior pour le compte des Nations unies, il s’est rendu à plusieurs reprises à Conakry ces derniers mois afin « d’évoquer le dossier auprès des autorités.
Outre l’ONU, la France, et les Etats-Unis gardent également un œil attentif sur l’évolution du jugement. Washington, qui assiste la justice guinéenne dans le cadre d’un programme de soutien à la transition mis en œuvre par l’agence de développement USAID, n’apporte pour l’heure pas de soutien spécifique dans le procès du 28 septembre. Une position qui pourrait néanmoins évoluer dans les semaines qui viennent. De son côté, Paris envisage prochainement de détacher des experts juridiques en Guinée afin d’assurer des formations dédiées aux procès pour crimes de masse.
Africaintelligence.fr