On savait que les caisses de l’État étaient percées, mais à ce niveau-là, c’est du grand art. L’affaire du détournement de 700 milliards de francs guinéens à la Douane fait tanguer les hautes sphères et promet un feu d’artifice judiciaire.
Les anciens ministres du budget, maîtres du coffre, se retrouvent aujourd’hui sur la sellette. Pendant des années, le hold-up s’est joué en douce, avec une discrétion digne des plus fins braqueurs.
Moussa Cissé, l’ancien ministre du budget, a préféré détaler comme un lapin avant que les enquêteurs n’aient eu le temps de dire “crief”.
Visiblement, le monsieur connaît la musique, quand les casseroles deviennent trop bruyantes, mieux vaut quitter la cuisine.
Pendant ce temps, Lanciné Condé, ex-ministre et actuel patron de la SONAP, est attendu dans les jours à venir au tourniquet des enquêteurs.
On lui demande gentiment d’expliquer comment un tel braquage en plein jour a pu se dérouler sous sa gouvernance.
Car, attention, l’affaire ne date pas d’hier. Le détournement à la Douane est presque devenu une tradition nationale, avec des relais bien huilés et des valises qui passent plus discrètement que les marchandises déclarées. Après les scandales des boîtes de transit, voici donc les ministres du budget qui glissent, non pas sur une pente savonneuse, mais carrément dans un ravin financier.
Ainsi donc , les anciens ministres peuvent commencer à s’entraîner, “Je ne suis pas au courant”, “Ce n’était pas de mon ressort”, ou encore “Je n’ai fait qu’hériter du problème”.
Les classiques du genre. Mais au vu des sommes en jeu, ce feuilleton risque bien d’avoir une suite moins drôle pour les principaux acteurs.
Affaire à suivre, avec un popcorn bien croustillant accompagné d’un verre de pôpa au menthe.
Wô pôpa min
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant