La junte au pouvoir à Conakry n’a pas informé la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest de la création d’un comité de suivi de la transition le 9 février. Une décision qui vient davantage compliquer les relations entre la Guinée et l’organisation régionale.
La création par le président guinéen Mamadi Doumbouya d’un comité de suivi de la mise en œuvre de la transition le 16 février a pris la Cedeao de court.
L’organisation régionale, qui phosphorait de son côté sur le lancement de cet organe depuis plusieurs mois, devait en finaliser les contours à l’occasion d’une visite prochaine à Conakry de son médiateur, l’ex-chef d’Etat béninois Thomas Boni Yayi.
A l’origine prévu pour janvier (AI du 16/01/23), le déplacement de Boni Yayi avait été repoussé en mars en raison des élections béninoises et nigérianes. Un délai jugé trop long par le chef de la junte, qui a finalement procédé à la désignation de son propre comité sans en notifier préalablement la Cedeao. En réaction, celle-ci a suspendu la visite de son médiateur dans le pays. La question de son maintien éventuel devrait notamment être évoquée à l’occasion d’une rencontre entre les chefs d’Etat ouest-africains, qui se tiendra en marge du sommet de l’Union africaine (UA) en cours à Addis-Abeba.
Garder le contrôle
Les raisons qui ont poussé le chef de la junte à devancer la Cedeao sont multiples.
Le président guinéen espère tout d’abord que cette annonce donnera un gage additionnel aux bailleurs afin de débloquer de nouveaux fonds le plus rapidement possible. La mesure permet également à Doumbouya de conserver l’initiative sur un dossier qui devait initialement être piloté conjointement avec la Cedeao et
Plusieurs des partenaires clés du pays, parmi lesquels la France, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU.
Alors que ces derniers étaient initialement censés être représentés au sein de l’organe, celui-ci ne compte pour l’heure que des ministres guinéens. Le décret de création ne ferme pas pour autant la porte à l’implication de ces acteurs, qui sont invités à « prendre part aux travaux du comité en qualité d’observateurs ».
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