À Conakry, la récente libération sous contrôle judiciaire de Bangaly Camara et de son père, mis en cause dans le drame qui a bouleversé l’école Sainte-Marie de Nongo, fait naître une profonde onde d’indignation parmi les familles des victimes.
À leurs yeux, la décision de justice sonne comme une trahison.
« On nous a caché la libération conditionnelle de l’auteur de cet acte. C’est lorsque j’en ai entendu parler et que j’ai annoncé mon intention d’aller vérifier à la maison centrale, qu’une délégation de la famille de l’auteur est venue chez moi pour m’avouer qu’ils avaient effectivement été libérés, en expliquant que le père ne se sentait pas bien. Comment peut-on relâcher quelqu’un alors que nos enfants vivent encore un cauchemar et des douleurs quotidien ? » s’emporte un père de famille, la voix chargée d’émotion.
Sa fille, grièvement blessée lors de l’incident, conserve plus de quinze projectiles de plomb dans son corps, disséminés dans des zones que les médecins de l’hôpital Donka jugent inopérables.
Un autre enfant, atteint à la main, souffre de douleurs chroniques liées à un plomb logé sous un nerf, rendant tout mouvement périlleux.
Les séquelles sont lourdes, physiques autant que psychologiques. Et pour les familles, le sentiment d’abandon est palpable.

« On parle de liberté conditionnelle… Mais quelles sont les conditions imposées à nos enfants ? », interroge un parent avec amertume qui nous a finalement autorisés à publier l’image et la radiographie de sa fille. « Chaque jour, ils revivent ce drame,Pendant ce temps, l’auteur de cet acte est libéré sans que la famille des victimes en soit informée , comme si rien ne s’était passé. »
À l’hôpital Donka, l’impuissance des soignants ajoute à l’angoisse. « Les médecins m’ont dit qu’ils ne peuvent pas extraire les plombs logés dans mon corps », témoigne la jeune fille blessée, dans un murmure douloureux.
Le ministre de l’Enseignement pré-universitaire, Jean-Paul Cedy, a minimisé la gravité de cette affaire. Il ne s’est jamais rendu ni à l’hôpital, ni au domicile des victimes pour s’enquérir de leur véritable état de santé.
Il a préféré s’appuyer sur une frange de journalistes acquis à sa cause pour tenter d’occulter un drame pourtant d’une extrême gravité.
Le Premier ministre, Bah Oury, ainsi que le président de la République, doivent s’impliquer personnellement afin de permettre l’évacuation de ces enfants vers une structure sanitaire spécialisée, apte à procéder à l’extraction des plombs logés dans leur corps.
Ces élèves vivent avec des douleurs atroces, et le pire pourrait survenir si des mesures sanitaires adéquates ne sont pas prises en leur faveur.
Abdoul latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant