Les élections locales du 04 février dernier tardent à livrer tous ses secrets. A un peu plus de dix jours du scrutin, les résultats globaux sont toujours attendus impatiemment par les Guinéens. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) proclame ces résultats au compte-goutte. Ce qui laisse planer le doute sur la crédibilité du scrutin. Bonjour donc aux violences postélectorales qui ont déjà enregistré des morts et d’autres blessés graves. Sans compter des dégâts matériels importants.
Mais en attendant, d’autres calculs préoccupent les politiques. Lesquels ont déjà la tête orientée vers les jeux d’alliance. Les candidats indépendants qui se sont distingués dans les fiefs dits électoraux, traditionnellement acquis, ont déjà le vent en poupe. Ils sont plus que jamais sollicités par les partis politiques qui se sont taillé la part du lion des suffrages dans les différentes joutes électorales, mais qui n’ont pas recueillis suffisamment de suffrages à l’issue de ce scrutin à la base. Pour espérer pouvoir contrôler les différentes municipalités. Du coup, cers derniers ont forcément recours aux alliances.
Et c’est dans cette perspective que le schéma qui s’en est découlé donne certains candidats indépendants et partis politiques dûment constitués dans le paysage politique et reconnus comme faiseurs de rois, dicteront leurs lois.
Parmi eux, l’Union des forces républicaine (UFR) de Sidya Touré figure en bonne place. Cette formation politique ; arrivée toujours derrière le RPG (parti au pouvoir) et l’UFDG (Opposition), du moins à en croire les résultats de la CENI non exempts des contestations, est de nouveau sollicitée pour faire des futurs ‘’rois’ des municipalités guinéennes.
Mais, problème ? Les militants de ce parti politique dirigé par l’actuel haut représentant du président Alpha Condé ont encore en travers de la gorge ses choix dans les jeux alliances nouées avec d’autres partis politiques par le passé.
Il n’en demeure pas moins que certains militants qui auront mal perçu l’alliance de l’UFR avec l’UFDG à la faveur du second tour de la présidentielle de 2010, ayant perdu face l’actuel président Alpha Condé, ont semblé abandonner leur champion. En tout cas, au vu du niveau de popularité de Sidya Touré.
Ce fut donc un choix tout à la fois diversement apprécié et massivement révulsé. Quelques années plus tard, au terme des élections législatives, l’alliance UFR-UFDG a atteint son apogée. Sidya Touré et son UFR qui en avaient eu sans doute marre de se faire remorquer par le parti de Cellou Dalein Diallo, son ancien ministre des TP alors qu’il était première ministre dans le gouvernement Conté, a décidé de changer de gouvernail et du même coup le capitaine du bord. C’est ainsi que l’opposant dont on dit qu’il a un électoral transversal bifurquera du côté de la mouvance présidentielle pour se voir élever au rang du haut représentant du chef de l’Etat. Avec à l’appui, deux cadres de l’UFR en l’occurrence, Mohamed Tall et Baidy Arribot, jadis député de Kaloum, qui seront respectivement bombardés ministre de l’Elevage et 3ème vice-gouverneur de la banque centrale de la République de Guinée (BCRG). Cet autre choix n’avait pas été approuvé par une bonne partie de ses militants. Même s’il faut souligner que du côté de l’ancienne alliée UFDG il se dit que n’eût été cette alliance, l’UFR n’aurait obtenu les dix députés à l’Assemblée nationale. Soit dit en passant.
Mais puisqu’en dépit de tout, l’UFR est allée à la conquête des municipalités sous sa propre bannière et en a récolté un score peu honorable, du moins selon ses militants et d’autres observateurs, au vu des résultats proclamés, elle ne peut que se contenter de sa traditionnelle place de faiseurs de rois. C’est-à-dire que son alliance est de nouveau sollicitée pour permettre aux autres grosses cylindrées de pouvoir gouverner les mairies et quartiers de Conakry et l’arrière-pays. Mais faut-il dire que ce sera au péril de sa vie à la tête de l’UFR et son avenir politique. Puisque le samedi 17 février, les jeunes de l’UFR ont grondé pendant l’Assemblée générale ordinaire de leur formation, exigeant des comptes à Sidya Touré. Ils disent croire dur comme fer que les premiers résultats proclamés par la CENI ne reflètent pas les valeurs intrinsèques du parti. Ce qui fait dire à beaucoup cette fois-ci, Sidya Touré devra réfléchir par deux fois avant de se décider. Au risque de refaire la ‘’même erreur’’.
Youssouf Diallo