Nous sommes presqu’à l’embouchure de la seconde et, en principe, la dernière mandature constitutionnelle du président Alpha Condé à la tête de la République de Guinée. Le chef de l’Etat État est à quasiment deux années et demi de son quinquennat d’occupation des salons feutrés du Palais Sékhoutouréah avant de s’y voir congédier le temps pour son successeur d’y prendre logis.
Seulement voilà, en attendant de voir ce qui constitue, aux yeux de plus d’un Guinéen, une éventualité, au vu du débat qui entoure la prorogation de mandature constitutionnelle, un autre débat vient s’incruster : celui de la nomination du futur locataire de la primature. La nomination d’un premier ministre relève du pouvoir discrétionnaire du Président de la République. Ça, c’est connu de tous. Mais, il n’empêche ! Depuis que les indiscrétions ont lancé la rumeur sur un probable changement de ‘’Commandant de bord’’ du navire de la primature guinéenne, chacun se borne à dresser le portrait robot du futur patron du Palais de la Colombe. Surtout quand le président Alpha Condé a promis lors d’une sortie pour le moins ‘’populiste’’ devant les femmes au Palais du Peuple le 08 mars dernier de procéder à un remaniement ministériel et de facto nommer les ministres, selon ses propres mots, à l’écoute du peuple’’. Les commentaires ont continué à fuser de toutes parts. Mais, ces commentaires ont surtout culminé au niveau des valeurs intrinsèques que devrait caractériser le futur premier ministre guinéen. Son charisme, ses capacités intellectuelles et managériales, son réseau relationnel vers l’étranger, son expérience, que sais-je encore ?
Or, un autre pan du débat occupe le quotidien des Guinéens et ils s’en préoccupent d’ailleurs vivement. Celui de la région d’origine du premier ministre à venir, pour ne pas dire son ethnie.
Il est vrai que le chef de l’Etat Alpha Condé a, pendant le second tour de la présidentielle de 2010, signé des protocoles d’alliance avec certains de ses alliés politiques regroupés au sein de la coalition dénommée ‘’RPG-arc-en-ciel’’. Des protocoles d’alliances noués parfois sur une base ethnocentriste et régionaliste. A ce qui s’était dit, cela avait permis au candidat Alpha Condé d’alors d’atteindre le Graal. Même si dans certaines chancelleries, l’on susurre que la gagnant de cette présidentielle était déjà connu à l’avance. Au grand dam du candidat Cellou Dalein Diallo de l’UFDG. Soit dit en passant.
Cette situation, faut-il l’avouer, colle encore à la peau de l’actuel Chef de l’État qui avait, himeself, promis à cet effet la primature à la basse côte. Une des quatre régions naturelles de la Guinée composée en majorité du groupe ethnique Soussou établi le long du littoral. C’est ainsi que Mohamed Saïd Fofana, natif de Forécariah a éte nommé premier ministre. Fofana est issu du parti Guinée Pour Tous (GPT) de l’actuel ministre d’État à la présidence en charge du partenariat public-privé Ibrahima Kassory Fofana. Celui-ci est également pressenti pour occuper les fonctions de premier ministre. A la Primature, Saïd Fofana n’aura été que l’ombre de lui-même. C’est le cas également pour l’actuel premier ministre Mamady Youla, qui, lui, est issu du secteur privé. Au nom d’une alliance ethno stratégique qui n’a que peu d’intérêt pour le Guinéen lambda. Puisque ça ne rime nullement avec ses préoccupations essentielles qui ne sont autre d’abord et surtout qu’accéder aux services sociaux de basse ( eau, électricité, etc..)
L’on me rétorquera sans doute que les pactes électoraux sont à respecter à la lettre à l’effet de garder ses ancIens ‘’amis’’ politiques. Mais moi, je m’en vais faire mienne cette citation selon laquelle « les promesses n’engagent que ceux qui les croient » . D’ailleurs, qu’attendre en terme de respect de promesses d’un président qui en a assez fait preuve de revirement durant son avènement au pouvoir ? Absolument, rien !
Il y a fort à parier, malheurement, au vu de l’évolution de la situation que c’est le même mets ‘’trop salés’’ que le président Alpha Condé est prêt à servir à ses compatriotes. Mais le chef de l’Etat devra se rendre à l’évidence que les Guinéens, dans leur écrasante majorité, n’ont pas besoin de cette facette des choses.
D’où la nécecessité de revenir à la raison pour se départir de cette géopolitique ethnique qui ne nous avance en rien. En réalité.
Youssouf Diallo