Header Ad

Categories

Most Viewed

Fermeture de Depecheguinee.com : la main qui arme et celle qui tire

La Guinée est un pays de paradoxes. Durant les deux dernières décennies de la période coloniale, la presse y était libre. Mais dès l’accession de notre pays à l’indépendance, le régime de Sékou Touré a supprimé cette liberté au profit de la pensée unique. Il n’y avait alors qu’une seule radio, La Voix de la Révolution, un seul journal, Horoya, et un seul écrivain, Sékou Touré lui-même.

Il aura fallu attendre l’arrivée au pouvoir du CMRN en 1984 pour que la liberté de la presse soit restaurée. D’abord avec l’émergence des journaux dès le début des années 1990, puis avec l’apparition des médias audiovisuels à la fin de la première décennie des années 2000. À juste titre, Lansana Conté mérite d’être reconnu comme le père de la liberté de la presse en Guinée.

Sous le régime du président Alpha Condé, la liberté de la presse privée a été relativement respectée, contrairement à celle de la presse publique, qui, depuis toujours, reste la voix du maître du moment. Malgré de nombreux dérapages, Alpha Condé ne s’est jamais permis de brouiller des ondes, de fermer des médias ou de kidnapper des journalistes.

Mais il aura fallu l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya et de ses complices pour que cette liberté soit remise en cause. En plus de leur admiration manifeste pour l’idéologie et les méthodes du PDG, ce sont désormais des journalistes eux-mêmes qui se révèlent être les pires ennemis de la presse.

Comment comprendre qu’un régime ayant coopté des hommes de médias à tous les niveaux – de la présidence au gouvernement en passant par l’administration – soit celui qui cherche aujourd’hui à ramener la presse guinéenne aux années 1960 et 1970 ? Honte à ces confrères qui ont choisi de collaborer avec un régime s’attaquant aussi ouvertement à la liberté d’expression et à la liberté de la presse.

Hier, la HAC a interdit le site Depecheguinee.com pour un article paru le 10 janvier 2025. Mais je sais très bien que ce n’est pas cet article qui a motivé cette décision.

Mon site a été fermé parce que j’ai dénoncé les détournements de Mamadi Doumbouya, Directeur Général de l’ARPT. Après avoir annoncé la publication du chapitre 2 de cette série de révélations, il s’est offert les services des indignes qui siègent à la HAC. En échange d’argent, ces derniers lui ont trouvé des prétextes pour tenter, en vain, de me réduire au silence. Vous remarquerez d’ailleurs que le Président de la HAC n’a pas signé cette décision. Boubacar Yacine Diallo a préféré laisser Fodé Bouya et ses complices assumer seuls cette attaque contre la presse guinéenne.

Mais qu’ils en soient sûrs : je continuerai mon travail de journaliste. Mon site est fermé ? Je publierai sur ma page et sur d’autres plateformes. Tant qu’Internet sera accessible en Guinée, je continuerai à révéler les crimes et les mensonges des gouvernants.

Wo popa min.

Abdoul Latif Diallo

Journaliste très, très indépendant

    Leave Your Comment