Ma Guinée, mon paradis ! Ce pays où tout expire en deux semaines , les scandales, les tragédies, les morts, et même la mémoire collective.
Mais une chose, une seule, reste immortelle , les enquêtes du CNRD. Toujours ouvertes, jamais closes.
C’est comme un buffet à volonté où personne ne se soucie de la note finale.
Prenez par exemple l’explosion tragique du dépôt pétrolier de Tombo, survenue dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023.
Une catastrophe nationale , 24 morts, 450 blessés, et un gouvernement qui, fidèle à lui-même, a sorti la fameuse phrase magique , “Une enquête est en cours.” Ah, cette formule ! Plus efficace qu’un antidouleur pour calmer l’opinion publique.
Une année plus tard, le silence règne. Pas de rapport, pas de responsabilité, pas même une excuse. Comme si la tragédie s’était dissoute dans les airs, emportée par les vents de Conakry.
Les témoins, eux, ont vu des choses. Deux projectiles partis du camp Koundara, des éclats d’obus, des flammes… Les vieilles mamas de Coronthie jurent sur leur chapelet que ce n’était pas un incendie interne.
Mais bon, les habitants ne sont pas experts, n’est-ce pas ? Le gouvernement, lui, a préféré balayer tout ça sous le tapis, silence radio.
Pendant que les Guinéens attendent un dépôt pétrolier flambant neuf, d’autres s’enrichissent.
Les généraux Djiba Diakité et Balla Samoura, eux, ont trouvé la recette parfaite , bloquer des projets stratégiques pour des gains personnels.
La reconstruction rapide des dépôts ? Mise au placard. À la place, on parle vaguement de “projet de port à Benty”, sans qu’aucune action concrète ne suive.
Pendant ce temps, la Guinée verse 48 000 $ par jour en frais de surestaries à Addax, la société qui nous vend du carburant toxique, comme si le pays avait les poches pleines.
Petit calcul rapide , 48 000 $ par jour pendant une année, ça fait environ 17,5 millions de dollars. Une bonne somme à partager non entre Djiba , Balla et amara .
Et tout ça, Parce que deux hommes ont décidé de faire passer leurs intérêts avant ceux du pays. Mais rassurez-vous, chers compatriotes, ils n’oublient pas de poser des “premières pierres” ici et là pour des dépôts imaginaires, histoire de nous distraire.
Quant aux familles des victimes de cette explosion, elles ont reçu… des sacs de riz. Oui, des sacs de riz, comme pour dire « Pleurez, mais mangez au moins.”
Pas de dédommagement digne de ce nom, pas de prise en charge sérieuse. Les morts ne sont plus qu’un chiffre dans un communiqué officiel oublié.
À qui profite le crime ?
Voilà la grande question. À qui profite l’explosion du dépôt de Tombo ? Qui tire les ficelles dans l’ombre ? Officiellement, nous attendons encore des réponses.
Officieusement, tout le monde a déjà une idée. Mais en Guinée, l’important n’est pas de savoir. L’important, c’est d’attendre. Une enquête est en cours, après tout.
Ici , les drames expirent en deux semaines, mais la comédie est éternelle.
Wô pôpa min
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant