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La nomination de Sidibé Fatoumata Kaba en tant qu’ambassadrice à Washington provoque des remous 

Mise en cause pour des faits de corruption, la nouvelle ambassadrice de Guinée aux Etats-Unis, Sidibé Fatoumata Kaba, ne fait pas l’unanimité au sein du corps diplomatique guinéen.

Plongée dans les coulisses d’une décision qui interpelle. 

Annoncée par décret le 15 décembre 2022, la désignation de Sidibé Fatoumata Kaba comme nouvelle ambassadrice de Guinée aux Etats-Unis a été le fruit de longues tractations entre le département d’Etat américain et la junte du colonel

• Mamadi Doumbouya. Avant de recevoir l’agrément de la Maison blanche, cette diplomate de carrière alors à la retraite, dont l’arrivée dans la capitale étasunienne est attendue courant février, a été reçue en toute discrétion à Conakry par l’ambassadeur des Etats-Unis en Guinée, Troy Fitrell. 

Son dossier a également été passé au peigne fin par les limiers de l’administration américaine, qui ont tenu à s’assurer que la candidate n’avait pas déjà officié au sein de l’ambassade de Guinée à Washington – l’usage veut que le nouvel ambassadeur n’ait pas précédemment exercé de fonctions au sein de la missión diplomatique qu’il s’apprête à diriger. 

Interrogations

A première vue, la nomination de Fatoumata Kaba sonne comme une victoire pour la junte de Doumbouya. Se positionnant pour un retour à l’ordre constitutionnel dans la foulée du coup d’Etat du s septembre 2021, Washington s’était jusqu’ici montré peu enclin à nouer un dialogue avec les autorités de transition (AI du 28/09/22). Une situation que le rappel, en février 2022, de l’ambassadeur en place avant le putsch, Kerfalla Yansané, n’avait pas contribué à améliorer. 

Reste que la décision de Conakry suscite des remous au sein du corps diplomatique guinéen. En privé, certains cadres s’étonnent de cette désignation alors que Fatoumata Kaba se trouve depuis quelques mois dans le viseur des autorités judiciaires du pays. Son nom figure sur une liste de 188 ex-hauts fonctionnaires et ministres des précédentes administrations à l’encontre desquels l’actuel garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright, a ordonné des poursuites en novembre dernier. A ce jour, plusieurs des anciens caciques concernés ont été auditionnés par la justice. (AI du 09/01/23). Contacté, Wright n’a cependant pas souhaité réagir à nos sollicitations sur le cas de Fatoumata Kaba.  

Une proche de « Cellou » ?

Autre interrogation : la proximité supposée entre la future ambassadrice et un des principaux opposants à la junte, Cellou Dalein Diallo, Premier ministre sous l’ex-président Lansana Conté entre 2004 et 2006, ce dernier l’avait propulsé au sein de son gouvernement aux affaires étrangères pour une année. Près de quinze ans plus tard, alors qu’elle officiait comme représentante de la Guinée aux Nations unies, son rappel brutal en septembre 2020 par le prédécesseur de Doumbouya, Alpha Condé, avait été mis sur le compte de prétendus contacts entre Cellou Dalein Diallo et son ancienne ministre, certaines rumeurs évoquant même une rencontre à New York. Sollicité dans le cadre de cet article, Cellou Dalein Diallo a démenti

‘l’existence d’une telle entrevue et affirme ne plus être en contact avec l’intéressée depuis plusieurs années. 

Si l’expérience de Sidibé Fatoumata Kaba, qui a également occupé le poste stratégique de représentante permanente auprès de l’Union africaine entre 2013 ét 2017, semble avoir eu raison de ces déboires, des connexions supposées avec l’entourage de Doumbouya ont également pu jouer. Tout comme l’actuel chef de la transition et plusieurs de ses ministres, la future ambassadrice de Washington est originaire de la ville de Kankan, traditionnel fief Malinké.

africaintelligence.fr

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