Si Salvador Dalí avait encore son mot à dire, il troquerait volontiers ses masques contre les insignes des douanes guinéennes.
L’affaire qui secoue le pays ressemble à s’y méprendre à un scénario de série , un braquage, non pas dans une banque fortifiée, mais à travers des bureaux climatisés et des tampons officiels.
Les protagonistes , des douaniers et 33 boîtes de transit qui auraient détourné la modique somme de 700 milliards de francs guinéens. Une performance qui ferait pâlir d’envie les meilleurs élèves de la “Casa de Papel”.
Dans une tournure digne des meilleures productions Netflix, le directeur général des douanes et 10 de ses lieutenants ont été “invités” à séjourner à la maison centrale. Fin du générique , loin de là.
L’intrigue s’épaissit avec une liste de 33 boîtes de transit, accusées d’avoir joué les complices silencieuses dans ce casse titanesque.
Pour la CRIEF (Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières), les choses sérieuses commencent.
Dans un courrier qui pourrait faire office de cliffhanger, le procureur spécial a ordonné le gel des comptes des 33 boîtes suspectées.
Pour mettre un terme à ce pillage “made in Guinea” avant que les fonds ne disparaissent dans des paradis fiscaux, ou dans des sacs de riz au marché Madina, qui sait ?
Pendant ce temps, les responsables des boîtes de transit jouent les muets dans un silence assourdissant. Certains murmurent déjà qu’ils seraient en train de négocier une réédition spéciale du “Plan de Tokyo”, fuir discrètement, mais sûrement.
D’autres espèrent encore pouvoir compter sur un oubli administratif, le genre qui efface des milliards d’un coup de signature.
Si ce n’était pas la réalité, on applaudirait l’ingéniosité de ces nouveaux “professeurs” des finances occultes.
Mais au lieu de billets rouges empilés dans une imprimerie, ce sont les fonds publics, destinés au développement du pays, qui sont partis en fumée.
La saison 1 de ce feuilleton judiciaire est loin d’être terminée, et l’audience guinéenne attend déjà avec impatience les prochains épisodes.
Reste à savoir si, cette fois, la justice saura endosser le rôle du héros salvateur ou si les malfrats finiront par triompher, comme souvent.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre , au pays des milliards évaporés, même la “Casa de Papel” fait pâle figure.
Wô pôpa min
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant