La semaine dernière, un tournant décisif s’est produit dans le procès du massacre du 28 septembre. Le capitaine Marcel Guilavogui, l’un des éléments clés de cette affaire, a choisi de renverser la vapeur. Lors de sa première comparution, il avait nié sa participation à ce massacre et sa présence au stade, invoquant des raisons de santé. Cependant, le lundi 10 juillet dernier, il a demandé une nouvelle comparution devant le tribunal criminel afin de révéler sa vérité sur cet événement.
Marcel Guilavogui a reconnu sa présence au stade, admettant qu’il était armé d’une grenade mais pas d’une PMAK. Il a admis avoir proféré des menaces de dégainer sa grenade à la clinique Ambroise, mais dirigées contre Thiegboro et non contre les leaders. De plus, il a confirmé que Dadis était sorti pour se rendre au stade et que Thiegboro était celui qui coordonnait le massacre. Toutefois, il s’est rétracté sur les accusations qui pesaient sur lui. Il a nié avoir frappé les leaders et nié diriger un groupe ayant participé à la répression au stade.
Il est quand même claire qu’il cherche à protéger le colonel Claude Pivi.
Tout comme Toumba l’avait fait précédemment, en accusant les autres accusés sans reconnaître les atrocités qui lui sont reprochées.Marcel également a fait porter la responsabilité sur Dadis et Thiegboro. Désormais, il revient à ces derniers de prouver le contraire. Et de dénoncer devant le Tribunal la vérité sur Marcel ce jour macabre du 28 septembre s’il existe.
Le bloc de résistance a été brisé.
Si, depuis le début de ce procès, un bloc de résistance s’était formé entre certains accusés pour dissimuler la vérité, Marcel Guilavogui l’a maintenant brisé. Le capitaine Dadis et le colonel Thiegboro, qui n’avaient pas du tout mentionné Marcel lors de leur première comparution, seront désormais contraints de révéler au tribunal ce qu’a réellement fait Marcel ce jour-là. Thiegboro, qui était présent au stade, devra révéler l’identité des hommes responsables de ces atrocités. Ainsi, la comparution de Marcel est un atout majeur pour le tribunal afin de faire éclater la vérité.
Le trio Dadis, Thiegboro et Marcel, qui s’entraidaient jusqu’à présent, seront désormais contraints de se dénoncer mutuellement pour se défendre ou de choisir de se taire, au risque que Marcel soit dans le vrai.
Si Marcel a levé le voile sur ses propres actions et dénoncé celles des autres, il revient maintenant à Dadis et Thiegboro de révéler au tribunal le rôle joué par Marcel ce jour-là. Seule leur parole permettra de déterminer la véracité des faits.
Abdoul Latif diallo
Journaliste d’investigation