La Guinée a récemment décidé de procéder à la ré-immatriculation de tous les véhicules circulant sur son territoire, après 28 ans sans changement. Cette initiative vise principalement à renforcer la sécurité routière et à s’adapter aux évolutions technologiques. Pourtant , la manière dont certains dirigeants du régime Condé ont géré ce processus a plongé les citoyens dans une difficulté sans précédent.
La société DSD, qui avait présenté un projet complet à l’État guinéen, comprenant toutes les études de faisabilité, avait proposé un tarif de seulement 600 000 FG pour la ré-immatriculation et l’immatriculation, y compris la vignette. Ce montant représentait une augmentation de seulement 100 000 FG par rapport à l’ancien tarif des véhicules personnels. Cependant, lors d’une réunion à la primature avec les responsables de DSD, les ministres Kassory et Aboubacar Sylla ont jugé ce prix trop bas et auraient demandé à la direction de majorer les tarifs afin de pouvoir obtenir leur part du gâteau.
Selon nos sources proche d’un Doss , le ministre des Transports, Aboubacar Sylla, aurait demandé à DSD d’ajouter 200 000 FG de plus sur le prix proposé et de créer deux tarifs parallèles : un pour la ré-immatriculation et un autre pour l’immatriculation. Dans le contrat, DSD avait droit à 40 % et l’État guinéen à 60 %. Cependant, ces 60 % de l’État étaient également divisés en deux : une partie était versée sur le compte de l’État, tandis que l’autre partie était déposée sur un compte personnel.
Pourtant, le prix réel proposé par DSD pour la ré-immatriculation et l’immatriculation était de 600 000 FG, vignette comprise. Quant à la vente des vignettes, DSD recevait 20 % et l’État 80 % des revenus.
Le même scénario et la même planification sont mis en place pour les permis de conduire, dans le but d’arnaquer les citoyens. On peut se demander quelle est la différence entre un permis de conduire biométrique et une carte d’identité biométrique, qui coûte seulement 100 000 FG, ou un passeport biométrique avec plusieurs pages, valable 5 ans, pour 500 000 FG. L’entreprise Thomas Greg, qui possède également 40 % des parts, tandis que l’État guinéen possède 60 % répartis sur deux comptes, a également augmenté les tarifs. Même la visite médicale, qui coûte normalement autour de 60 000 FG à 100 000 FG dans les cliniques les plus chères du pays, est facturée à 200 000 FG par Thomas Greg.
Comment expliquer qu’un simple permis de conduire puisse coûter 1 200 000 FG aux citoyens, pour une validité de seulement 5 ans ? Et pire encore, en cas de perte du permis, il faut débourser 900 000 FG pour le réimprimer. Ce système d’arnaque est piloté par des cadres malhonnêtes qui n’ont pour seule ambition que de s’enrichir sur le dos des citoyens guinéens. Il est inacceptable que les citoyens soient contraints de payer de telles sommes pour obtenir des plaques d’immatriculation et un permis de conduire.
Le président de la transition doit revoir cette situation et chercher à identifier à qui appartient le second compte bancaire sur lequel une importante somme d’argent, issue de la corruption aux dépens des citoyens, est versée. L’État doit également reconsidérer sa part de 60 % dans le contrat, afin de permettre une plus grande flexibilité des prix et d’alléger le fardeau financier des citoyens.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation