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Les dessous du limogeage de Saïkou Oumar Barry de l’ARPT : Et si la préservation des intérêts de Moustapha Naïté et Cie a eu raison de lui ?

Nommé le 17 décembre 2021 à la tête de l’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), SaïKou Oumar apprend sur les ondes de la télévision nationale qu’il est démis de ses fonctions le lundi 08 mai 2023, sans qu’aucune raison ne soit évoquée. 

Tout a commencé quelques mois plus tôt, lorsque M. Barry s’est attaqué à la problématique du réseau de fibre optique en Guinée. Ce fut un combat de David contre Goliath.

La Guinée, un pays où l’accès à Internet demeure un luxe, fait face à un problème persistant. Les citoyens doivent débourser des sommes considérables pour obtenir quelques gigaoctets de connexion, qui disparaissent à une vitesse fulgurante. Cette situation découle du monopole exercé sur la fibre optique par un groupe de personnes qui ont formé un lobby pour défendre leurs intérêts personnels, au détriment de la population. Parmi ces individus figurent des opérateurs de fibres tels que MounaInternet, Skyvision, ETI, etc., qui sont les véritables responsables du blocage de l’accès facile à Internet pour les citoyens.

Selon des sources bien informées, M. Barry aurait engagé une lutte contre ce groupe impliqué dans un complot visant à maintenir le monopole de ces opérateurs de fibres et à protéger leurs intérêts, au détriment de l’intérêt général. Monsieur Barry avait récemment organisé un état des lieux de la fourniture d’Internet en Guinée en collaboration avec les techniciens de l’ARPT. Les résultats obtenus ont été alarmants. Malgré l’autorisation accordée à plus de 10 entreprises pour fournir Internet aux ménages, la pénétration d’Internet dans les foyers n’a pas dépassé les 2% en plus de 10 ans. 

Afin de faciliter l’accès à Internet dans les foyers à des coûts abordables, une mesure cruciale consistait à favoriser la concurrence. Pour cela, l’ancien directeur général s’est appuyé sur l’article 48 de la loi 018 relative aux télécommunications et aux technologies de l’information en République de Guinée, qui confère à l’autorité de régulation le pouvoir d’autoriser d’autres opérateurs.

Après que des témoignages anonymes ont révélé des réunions secrètes du lobby de la fibre optique visant à évincer le directeur général de l’ARPT, M. Sekou Oumar Barry, considéré comme un obstacle par certains, des mesures et des décisions ont été prises pour maintenir le statu quo et empêcher toute avancée significative de la société Orange Guinée dans l’amélioration de l’accès à Internet.

Le monopole controversé de Mouna Internet

Mouna Internet, détenu par Moustapha Naité, a été mis en lumière. Sa société, GFO (Guinéenne fibre optique), Mouna groupe possédait 85% des actions, tandis que les 15% restants étaient attribués à EDG (Electricité de Guinée) pour rémunérer le droit d’usage des poteaux électriques de EDG. Ce marché, conclu sans respect des procédures en vigueur, accordait à Mouna Internet un monopole d’utilisation des infrastructures d’EDG pour installer des câbles de fibre optique aériens. Aucune autre entreprise n’était autorisée à utiliser les poteaux d’EDG à cet effet. Il est important de souligner que le Directeur Général de EDG ne pouvait pas engager l’État dans un contrat d’une telle envergure. La loi organique relative aux lois des financesconfère au seul ministre de l’Economie et des Finances cette habilitation. Toute violation de cette loi est assimilée à la corruption, selon l’article 50 de la loi L/2017/041/AN du 04 juillet 2017, portant prévention, détection et répression de la corruption et des infractions assimilées.

En novembre 2022, le Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie Numérique (MPTEN) de la République de Guinée a octroyé une licence d’opérateur d’infrastructures métropolitain à la Guinéenne fibre optique (GFO). Cela permettait à GFO de fournir des services d’interconnexion et de transport par fibre optique aux opérateurs et fournisseurs de services de télécommunications. Cependant, des questions se sont posées quant à la neutralité de GFO en tant qu’opérateur d’infrastructures, étant donné que Mouna Internet était l’actionnaire majoritaire. Il est de notoriété que Saïkou Oumar Barry s’était fermement opposé à ce monopole de GFO, refusant que Mouna Internet, via GFO, bénéficie d’un monopole sur les poteaux d’EDG. Cela a suscité des réactions de la part des acteurs du lobby de la fibre optique, qui ont cherché à annuler l’autorisation d’utilisation de la fibre optique accordée par M. Barry à Orange, même si Orange possédait déjà son propre réseau de fibre et n’avait pas besoin des services de GFO.

Selon nos sources, il semblerait que certains acteurs tentent de préserver leur monopole sur la fibre optique en utilisant diverses stratégies, notamment l’exploitation de relations personnelles. 

Moustapha Naïté à la manœuvre !

Soupçonné d’enrichissement illicite et placé sous contrôle judiciaire, le patron de Mouna, ancien ministre, dispose de liens forts avec la junte dont il est un membre influent. Ses relations personnelles avec le Général Amara Camara ( Ministre secrétaire général de la Présidence de la république) ;Papa Fofana (conseiller du président de la transition) et Ousmane Doumbouya ( Conseiller du président de la transition) ont pesé pour faire valoir auprès du Président de la transition l’argument en faveur d’un contrôle exclusivement guinéen de la fibre optique, au détriment d’Orange, une entreprise sénégalaise.

Le patron de Mouna serait également à l’origine du mouvement de boycott d’Orange Guinée, connu sous le nom de FC Boycott. Dans leur déclaration, ces acteurs ont exigé la démission du Directeur Général de l’ARPT, qui a commis le « crime » de défendre les intérêts du peuple. Cette manœuvre a porté ses fruits, puisque le DG de l’ARPT a été limogé de son poste.

Quid de la Nomination de Mamadi Doubouya à la tête de l’ARPT

Ce renvoi a ouvert la voie à la nomination d’un nouveau directeur général, M. Mamadi Doumbouya, qui est apparu comme une marionnette des acteurs du lobbying de la fibre optique. Bien qu’inexpérimenté et fraîchement diplômé de l’université en 2015, il avait supervisé les travaux de câblage réalisés par la société chinoise Huawei, en surveillant les entreprises chargées de la pose de la fibre optique dans les départements.

Cette manœuvre du lobby de la fibre optique a permis d’installer leur marionnette à la tête de l’ARPT, garantissant ainsi sa loyauté envers ceux qui ont massivement investi dans le déploiement de cette technologie, comme Mouna et d’autres. La mission de M. Doumbouya semble être de préserver leurs intérêts, au détriment d’un accès abordable à Internet pour les citoyens.

À peine une semaine après sa nomination, le nouveau DG, M. Mamadi Doumbouya, a pris sa première décision : annuler l’autorisation d’utilisation de la fibre optique accordée aux sociétés de téléphonie Orange, MTN et Cellcom. Pourtant, Orange avait déjà commencé à connecter les foyers et proposait un tarif mensuel de 490 000 FG pour une connexion illimitée, tandis que Mouna, ETI et d’autres sociétés demandaient respectivement 690 000 FG et 900 000 FG pour une connexion illimitée.

Cette décision renforce les préoccupations quant à l’influence excessive des acteurs du lobby de la fibre optique sur les décisions de l’ARPT, au détriment du bien-être numérique de la population. Il est crucial que les autorités examinent cette affaire de près et veillent à ce que les nominations à la tête des organismes publics obéissent au seul critère de la préservation de l’intérêt national, plutôt que sur des intérêts particuliers.

Abdoul Latif Diallo

Journaliste d’investigation

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