Interpellé par les services de sécurité sénégalais en décembre 2016, puis extradé à Conakry, l’ex-aide de camp du Capitaine Moussa Dadis Camara a été finalement placé sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Conakry après sept ans de cavale.
Depuis son incarcération dans cette plus grande concession carcérale du pays, Toumba Diakité vit seul, dans une cellule dotée d’une salle de sport ; une cellule où feu le Général Nouhou Thiam était détenu.
Considéré comme un détenu très dangereux, la sécurité de la Maison centrale avait été renforcée. Les postes avancés (PA) des bérets rouges ont été installés aux alentours de la prison pour empêcher une éventuelle évasion du présumé suspect numéro 1 du massacre du 28 septembre 2009.
Après deux ans de restrictions pendant lesquels il n’avait ni visite, ni autorisé de se mouvoir dans la cour, à présent, Aboubacar Sidiki Diakité est devenu un véritable chef de la prison. Il règne en maître absolu. Il a réussi à avoir la sympathie et le contrôle du chef des détenus qui dirige l’administration parallèle mais aussi l’administration officielle dont les régisseurs.
Toumba Diakité, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est le seul détenu de la Maison centrale qui reçoit ses visiteurs jusque dans sa cellule de détention. Il ne se déplace pas. Au poste de contrôle, après les fouilles corporelles, ses visiteurs sont conduits par un garde pénitentiaire jusqu’à sa cellule. Ce qui est contraire au règlement. Et cette faveur n’est accordée qu’à Tumba seulement.
Pourtant, cette Maison centrale fourmille aujourd’hui de grandes personnalités qui ont géré ce pays. Notamment le Capitaine Moussa Dadis Camara, président du CNDD, qui partage sa petite cellule avec quatre codétenus dont le Colonel Claude Pivi, le Colonel Tiégboro et le Colonel Abdoulaye Diaby.
Ibrahima Kassory Fofana, dernier Premier ministre du régime Condé, qui partage aussi sa cellule avec Amadou Damaro Camara, l’ex-président de l’Assemblée nationale, Dr Mohamed Diané, l’ex-ministre de la Défense nationale et Oyé Guilavogui, l’ex-ministre de l’Environnement.
Aucune des personnalités n’est détenue seule dans une cellule avec salle de sport, et aucun d’entre eux n’est autorisé à recevoir leurs visiteurs dans leurs cellules. Elles reçoivent plutôt leurs familles plutôt dans le parloir, la salle du greffe et parfois dans le bureau du régisseur. Personne parmi ces personnalités ne peut faire traverser ses visiteurs jusqu’à sa cellule. Ce qui paraît injuste. Tous les prisonniers doivent avoir le même droit, mais dans le cas précis, l’administration pénitentiaire reste le seul responsable.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
