En Égypte antique, Ramsès II, ce monument d’égo surdimensionné, s’inclinait devant une figure encore plus influente, la reine-mère, la maman du pharaon. Une femme si puissante qu’elle faisait des rois des pantins.
Mais voilà que la Guinée contemporaine revisite cette recette séculaire avec une touche d’absurde. Entrons dans le théâtre grotesque où Mandian Sidibé joue le rôle principal, un homme qui a découvert la clé de l’immortalité administrative, la maman du président Doumbouya.
Mandian Sidibé, génie du courtisanat, n’a pas simplement adopté les enseignements de l’Histoire de Ramsès II , il les a sublimés.
En devenant le fils adoptif non officiel de la mère du président Doumbouya, il a transformé la flatterie en art de guerre. Exit les compétences, exit la performance , seule compte l’approbation sacrée de la reine-mère, la maman de Doumbouya .
Avec un portefeuille ouvert pour satisfaire ses caprices et un sourire en coin, Mandian trône à l’OGP, institution désormais plus proche d’une PME familiale que d’un office public.
Et quelle gestion visionnaire ! Cinquante recrues parachutées à l’OGP sur ordre divin de la maman du président Doumbouya , des salaires prioritaires pour ces élus du ciel, pendant que les anciens employés rongent leur frein dans l’ombre.
Et si quelqu’un ose se plaindre, Ah, Mandian a une réplique assassine. « Allez-y, manifestez, je vous donne le numéro du président. » Quelle audace, quelle arrogance ! Mais pourquoi s’inquiéter ? Le pouvoir de Mandian ne vient pas d’en haut, mais d’encore plus haut , des jupes de la reine-mère, la maman de Doumbouya.
L’OGP n’est plus qu’un cirque familial où les postes se distribuent comme des friandises lors d’un mariage. Missira Sidibé, fille chérie de Mandian , est placée à la tête de l’OGP Matoto, et hop, elle nomme son mari superviseur, histoire de maintenir l’équilibre dynastique.
La Guinée, à travers l’OGP, a réinventé la monarchie de droit divin, sauf que cette fois, ce n’est pas le roi qui décide, mais sa mère. Une performance à la fois burlesque et tragique pour le pays.
Mais là où Mandian excelle, c’est dans son œuvre monumentale, recouvrir chaque mur de Conakry des photos du président. Une stratégie visionnaire, n’est-ce pas ? Si le peuple n’a ni routes, ni électricité, ni salaires décents, au moins il aura des affiches. Doumbouya ici, Doumbouya là, Doumbouya partout.
Si les pyramides de Ramess II ont résisté à l’épreuve du temps, peut-être que les posters de Doumbouya deviendront les nouveaux symboles de l’éternité guinéenne.
Bravo, Mandian, tu as révolutionné l’art du népotisme et du marketing politique. Les murs parlent, mais le peuple, lui, se tait.
Que reste-t-il de cette refondation tant vantée ? Une farce. Une pièce de théâtre où Mandian Sidibé, armé de l’immunité maternelle, danse au sommet pendant que la Guinée regarde, impuissante .
Wô pôpa min
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant