Sans aucun doute, oui !! Puisque ce lundi 12 mars, dorénavant historique, aura surpris plus d’un Guinéen à cause de la spontanéité et l’instantanéité qui l’a caractérisée de la part des Guinéens (es). Lesquels (es) ont massivement investi les rues de Conakry, la capitale, en signe de protestation contre la crise qui paralyse toujours le secteur éducatif il y a un mois maintenant.
Comme on l’aura vu, c’est à Kaloum, cité administrative et des affaires du pays, là où réside même le président Alpha Condé, que la mèche a été allumée. Des centaines de femmes ont bruyamment grondé, à peine si elles n’ont pas marché sur le Palais présidentiel de Sékhoutouréah, pour réclamer le retour de leurs enfants en classe. Puisque les écoles restent encore fermées du fait de la mésentente entre le syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) et le gouvernement qui n’accède toujours pas à l’exigence d’augmentation salariale à hauteur de 40%. Soit huit millions de francs guinéens comme salaire de base pour les enseignants du pré-universitaire. D’où le déclenchement d’une grève générale le 12 février.
Une manifestation qui s’est finalement propagée dans tout Conakry et même au-delà.
Alors que cette journée du lundi 12 mars était censée être un appel à une journée ‘’ville-morte’’ lancé la veille par l’opposition qui, elle aussi, conteste les résultats issus des urnes à l’issue des dernières élections locales. Lesquelles auront vu le parti au pouvoir l’emporter dans la plupart des circonscriptions électorales du pays.
Mais étant donné que c’est à Kaloum même, jadis considéré comme un havre de paix, que les hostilités ont commencé à tracer leur ligne, volant ainsi la vedette aux quartiers réputés très chauds, par ailleurs rétifs au pouvoir de Conakry, il est futile de dire que la ‘’majorité silencieuse’’ s’est fait voix. Une situation symptomatique du ras-le-bol qu’ont voulu exprimer ainsi ces compatriotes difficilement assimilables à un quelconque bord politique. Comme pour dire qu’aucune idée de récupération politique n’est passée par-là. Cette fois-ci. C’est pourquoi il convient de chercher à résoudre in situ ce problème avant qu’il ne soit trop tard. Tel qu’en convient ici le ministre du Travail, par ailleurs porte-parole du gouvernement Albert Damantang Camara. Puisqu’au moment où nous tracions ces lignes ce lundi (21h 30min) la colère montait crescendo à Kaloum. Où les manifestants (es), plus que jamais décidés (es) à en découdre, étaient encore dans les rues, calcinant les pneus çà et là sur la chaussée.
‘’C’est vrai qu’il y a un ras-le-bol d’une situation qui perdure et qui demande maintenant, encore plus qu’hier, à être réglée avant que ce ras-le-bol ne se généralise’’, a reconnu le ministre de la Formation professionnelle.
Raison de plus pour attirer l’attention du président Alpha Condé qui a promis d’entreprendre des rencontres avec ceux qu’il appelle la ‘’majorité silencieuse’’ avant de prendre ses responsabilités, selon ses propres mots, qui passe notamment par un remaniement ministériel. Même si quelques instants après, Alpha Condé s’est dédit en clamant haut et fort qu’il ne procédera à aucun remaniement de son gouvernement aussi décrié que lui-même, le chef de l’Etat.
Mais puisque la population s’est fait déjà entendre, l’on comprendra mal de programmer d’autres rencontres avec les acteurs sociopolitiques pour débattre de quoi que soit. Quand on sait surtout que le plus souvent ce genre de rencontres avec le président Alpha Condé accouche d’une grosse souris. A peine si elles ne tournent à une foire de joute oratoire qui ne nous avance à rien. Absolument ! Puisqu’il n’est pas rare de voir lors de cette séance qui passe pour être coutumière, les responsables et autres porte-paroles désignés des entités concernées trembler comme une feuille morte. Le temps de leur prise de parole devant le Chef de l’Etat. Ça frise même la démagogie spectaculaire.
Disons enfin qu’après cette expression de la véritable ‘’majorité silencieuse’’ sans intermédiaire aucune, il reviendra au chef de l’Etat et son gouvernement de résoudre l’équation dont les inconnus sont dorénavant connus. Puisque l’heure est grave et même très grave. La quiétude sociale et la stabilité économique en dépendent. Forcément ! Françoise Giroud ne disait-elle pas que : « les révoltes qui se manifestent par les armes, on peut les mater. Mais, celles qui naissent et se propagent par l’esprit, sont insaisissables ».
Youssouf Diallo