Le chef de l’Etat, dont l’âge et l’état de santé sèment le doute au sein même de son camp, a affirmé vouloir obtenir l’investiture de son parti.
Le chef de l’Etat nigérian, Muhammadu Buhari, a officiellement annoncé, lundi 9 avril, son intention d’être candidat à un second mandat en février 2019, mettant un terme à des mois de spéculation dans la première économie d’Afrique de l’Ouest.
« Le président Buhari vient d’annoncer son intention d’obtenir l’investiture du All Progressive Congress [APC] et de concourir pour un second mandat à l’élection de 2019 », a indiqué le compte Twitter officiel de la présidence.
L’ancien général, âgé de 75 ans, a fait cette annonce lors d’une réunion de l’APC (parti au pouvoir) à Abuja, après avoir laissé planer le suspense durant plusieurs mois. De nombreux gouverneurs d’Etats, membres de sa formation, lui avaient récemment apporté leur soutien publiquement.
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« La victoire est assurée par la grâce de Dieu, et ensemble nous devons continuer à assainir l’environnement politique du Nigeria », a ensuite déclaré Muhammadu Buhari, cité dans un communiqué de la présidence.
Première visite officielle à Lagos
Le chef de l’Etat est surnommé « Baba go slow » pour sa lenteur à réagir aux crises qui ont secoué le pays depuis trois ans, qu’il s’agisse de récession économique ou de conflits armés. Originaire du Nord majoritairement musulman, il va devoir convaincre au-delà de sa région natale, où il reste populaire, qu’il est encore capable de diriger le géant anglophone de 180 millions d’habitants.
Il a effectué fin mars sa première visite officielle à Lagos, poumon économique du Nigeria. Car pour gagner, le président aura besoin du soutien du sud-ouest du pays, dominé par l’une des principales communautés du Nigeria, les Yoruba.
Pour Cheta Nwanze, du cabinet SBM Intelligence, basé à Lagos, sa candidature n’est « pas une surprise » mais « va galvaniser beaucoup d’opposition au sein de l’APC ». « Son principal défi sera de construire un bloc solide au sein de [sa formation] qui puisse lui assurer [la victoire] sans faire éclater le parti », a ajouté M. Nwanze, joint au téléphone par l’AFP.
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De nombreuses spéculations couraient dans le pays sur sa volonté de briguer ou non un second mandat. Le président a passé de longs mois à Londres en 2017 pour traiter une maladie toujours inconnue du public. Il voyage rarement à l’extérieur de la capitale fédérale et n’a visité que quelques-uns des 36 Etats du Nigeria depuis son élection, en 2015.
Alors que le premier producteur de pétrole africain a traversé l’an dernier une récession économique liée à la chute des cours du baril, le chef de l’Etat a été largement critiqué pour sa passivité et la rigidité de sa politique monétaire, qui a découragé les investisseurs étrangers.
Poids lourds délaissés
L’analyste politique nigérian Chris Ngwodo estime que le soutien de l’APC aux primaires de la formation, prévue dans la seconde partie de l’année 2018, n’est pas gagné d’avance. « D’autres personnalités ont l’ambition de se présenter à la présidentielle, explique-t-il à l’AFP, et il y a un réel mécontentement au sein du parti », de nombreux poids lourds qui avaient soutenu M. Buhari en 2015 estimant avoir été, depuis, délaissés par son entourage.
L’âge et la santé fragile du président sont également des « facteurs de réticence » au sein de l’APC, beaucoup se demandant s’il peut continuer à « gouverner un pays aussi complexe que le Nigeria s’il est gravement malade », selon le politologue.
L’ex-général, qui dirigea le pays dans les années 1980, avait été élu en 2015 sur la promesse de mettre fin à la corruption endémique dans l’administration et d’écraser l’insurrection djihadiste de Boko Haram, qui ravage le nord-est du pays.
Revenu réduit de moitié
Sa réputation de rigueur militaire contrastait avec l’image d’hommes politiques nigérians corrompus et milliardaires quand l’immense majorité de la population vit dans la pauvreté. L’électricité ne fonctionne que quelques heures par jour.
Son bilan en matière de lutte contre la corruption reste mitigé. Les autorités ont mené de nombreuses arrestations et saisies immobilières visant des personnalités du principal parti d’opposition, le People’s Democratic Party (PDP), au pouvoir de 1999 à 2015.
Les principaux défis à venir concernent la situation sécuritaire et le redressement économique, « le revenu du Nigérian moyen ayant diminué de moitié au cours des trois dernières années », selon l’analyste Cheta Nwanze.
Outre Boko Haram et les groupes rebelles actifs dans la région pétrolière du delta du Niger, le futur président aura notamment pour mission de mettre fin aux violences entre éleveurs et agriculteurs pour l’accès à la terre dans le centre du pays, qui ont fait des centaines de morts depuis janvier.
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