Depuis son arrivée au pouvoir le 5 septembre 2021, le colonel Doumbouya et son Comité National du Rassemblement et du Développement (CNRD) se sont érigés en sauveurs du peuple guinéen. Ils ont justifié leur coup d’État en affirmant vouloir mettre fin aux violations des droits de l’homme et aux violences perpétrées par le régime précédent d’Alpha Condé. Cependant, les actions récentes du colonel Doumbouya et de son gouvernement semblent trahir cette promesse initiale, transformant ainsi le sauveur en bourreau.
Si le colonel Doumbouya prétend que le peuple est derrière lui, pourquoi alors empêcher les forces vives de manifester pacifiquement ? Pourquoi ne pas laisser les citoyens exercer leur droit à la libre expression ? Si le CNRD est convaincu de son soutien populaire, il devrait permettre aux différentes parties de s’exprimer librement et organiser un meeting pour mesurer le soutien de chaque camp. Le nombre de participants serait alors un indicateur clair de qui bénéficie du soutien du peuple.
Le colonel Doumbouya a justifié son coup d’État en invoquant les meurtres de citoyens par le régime d’Alpha Condé, des personnes qui avaient simplement exercé leur droit de manifester. Dans son discours d’investiture, il avait promis qu’aucune personne ne mourrait pour avoir exprimé ses droits. Cependant, depuis son accession au pouvoir, le colonel Doumbouya et son gouvernement sont responsables d’une vingtaine de meurtres de manifestants, commis de manière brutale et sans aucune compassion. Les coupables de ces crimes restent impunis, voire même félicités par le régime.
Pourtant, le ministre de la justice, Charles Wright, avait annoncé la poursuite de l’ancien président Alpha Condé et de plusieurs de ses ministres pour leurs crimes, notamment les 210 manifestants tués sous le régime de Condé. Malheureusement, cette affaire semble être restée lettre morte et les dossiers rangers dans les tiroirs. .
Le colonel Doumbouya doit comprendre qu’il sera le seul responsable de ces crimes à l’avenir, tandis que d’autres répondront de leurs propres assassinats et barbaries. Quelle sera sa réponse lorsque la justice lui demandera ce qu’il a fait pour empêcher ces tueries et punir les coupables ? A-t-il seulement pris la peine de s’adresser aux familles des victimes ? L’exemple de Dadis Camara devrait servir d’avertissement au colonel, mais malheureusement il semble aveuglé par les opportunistes et les flatteurs qui l’ont détourné de son objectif initial et l’ont opposé à son propre peuple.
Tôt ou tard, le colonel Doumbouya et son CNRD devront répondre de ces crimes commis pendant les manifestations. La justice finira par les rattraper et les juger pour leurs actions. Il est temps que le sauveur retrouve la voie de la justice et de la compassion, celle pour laquelle le peuple guinéen espère.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
