L’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, a certainement reçu sa part de critiques depuis de nombreuses années.
Le président Trump a récemment accusé le groupe d' »arnaquer le reste du monde » et de maintenir les prix du pétrole « artificiellement élevés ».
Elle a parfois été accusée de rançonner le monde, notamment au milieu des années 1970, lorsqu’elle a réduit ses approvisionnements et que les prix ont triplé
Mais alors que les ministres de l’énergie de l’OPEP se réunissent à Vienne, le groupe exerce-t-il encore autant d’influence ?
Maîtrise de la production
Les grands pays producteurs ont été rejoints par certains pays non membres de l’OPEP, notamment la Russie.
Le groupe souhaite stabiliser ou augmenter les prix du pétrole brut, qui se sont fortement repliés sur les marchés depuis début octobre 2018.
Le principal outil dont elle dispose est de gérer ses propres niveaux de production. En réduisant sa production, elle peut faire augmenter les prix : en la réduisant c’est l’effet contraire qui se produit.
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La présence des Etats membres de l’OPEP sur le marché est certainement assez importante pour avoir un impact. Ils représentent plus de 40 % de la production mondiale de pétrole brut.
Cette production était plus élevée – plus de la moitié au début des années 1970 – mais le chiffre actuel représente toujours une part substantielle.
Deux pays non membres de l’OPEP sont particulièrement important : La Russie et les États-Unis.
L’influence russe
La Russie a contribué aux efforts actuels de l’OPEP pour faire grimper les prix.
Cette influence a débuté en 2016 par une décision de l’OPEP de « mettre en œuvre un ajustement de la production », soit une réduction de 1,2 million de barils par jour.
La Russie en premier, et un certain nombre de pays non membres de l’OPEP se sont joints à l’effort en s’engageant eux-mêmes à limiter la production.
Par la suite, les prix ont augmenté avec le principal indice international, le Brent brut a atteint 86 $ le baril début octobre : il était inférieur à 50 $ le baril au cours de la période précédant cette décision.
Cela ne veut pas dire que la décision de l’OPEP et de ses partenaires a été le seul facteur.
Les troubles politiques dans les pays de l’OPEP, le Venezuela, la Libye et le Nigeria ont rendu impossible – pour ces pays – d’assurer leur production de pétrole qu’ils pourraient en théorie exporter ou consommer.
Sanctions contre l’Iran
L’Iran a été frappé par la réimposition de sanctions américaines sur son programme nucléaire.
La possibilité que le pétrole iranien ne soit pas disponible sur le marché mondial – ou qu’il y en ait moins – a été un facteur important qui a fait monter les prix cette année.
Mais certains des plus gros clients de l’Iran – la Chine, l’Inde et le Japon – ont bénéficié d’exemptions temporaires et peuvent continuer à acheter du pétrole iranien pour l’instant sans être touchés par les mesures américaines.
En conséquence, les prix ont en fait baissé, car la demande de pétrole en provenance d’autres producteurs a été inférieure à ce qui avait été prévu.
Cela dit, la hausse des prix depuis fin 2016 est due en partie à l’accord entre l’OPEP, la Russie et d’autres pays
Au sein de l’OPEP, l’Arabie saoudite a joué un rôle clé. Selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie, l’Arabie saoudite représente plus d’un tiers de la capacité de production totale de l’OPEP et plus de la moitié des capacités disponibles du groupe.
Bien que l’Arabie saoudite soit importante, elle était réticente à agir seule sur les prix. Elle s’attendait donc, comme elle le fait généralement, à ce que d’autres membres de l’OPEP fassent des sacrifices, mais elle voulait aussi que la Russie y participe.
La production américaine
Il y a un troisième acteur très important dans le commerce mondial ; les États-Unis, qui sont actuellement le plus grand producteur de tous.
Le pétrole est produit par l’industrie privée qui prend des décisions sur la base de ce qui lui est rentable.
Les grandes compagnies pétrolières russes sont proches du gouvernement et l’entreprise dominante en Arabie saoudite – Saudi Aramco – est publique.
Les producteurs de pétrole américains ne coopèrent pas avec l’OPEP pour gérer les prix, car cela serait illégal en vertu de la législation anti-trust ou de la législation américaine sur la concurrence.
Mais quelque chose s’est produit aux États-Unis au cours de la dernière décennie qui a transformé l’industrie mondiale : la montée de l’exploitation du pétrole de schiste.
Impact du schiste bitumineux
L’exploitation d’un type de ressource relativement nouveau a produit une baisse à long terme de la production pétrolière américaine.
américaine.
Le pays doit encore importer du pétrole. Mais aujourd’hui, elle peut satisfaire les deux tiers de ses propres besoins alors qu’il y a un peu plus d’une décennie, elle n’en satisfaisait qu’un tiers.
De plus, le schiste argileux peut réagir plus rapidement à l’évolution du marché. Il n’a pas besoin d’investissements aussi importants que le pétrole conventionnel.
L’investisseur peut récupérer son argent beaucoup plus rapidement, de sorte que la production de schistes argileux peut être stimulée plus rapidement lorsque les prix commencent à augmenter.
Le schiste est l’une des raisons pour lesquelles les prix du pétrole ont fortement chuté après la mi-2014.
L’OPEP n’a peut-être pas répondu plus tôt qu’elle ne l’a fait parce que certains membres, notamment l’Arabie saoudite, souhaitaient que les producteurs américains de schistes soient écrasés par la baisse des prix.
L’OPEP a encore son importance, mais il est loin d’être pleinement le seul régulateur du marché mondial du pétrole.
Et à plus long terme, si les efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique impliquent l’abandon des énergies fossiles notamment le pétrole, l’OPEP aura une influence de moins en moins grande.