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Rachat de la Société Générale Guinée : Une occasion manquée pour l’économie guinéenne

Contrairement à la Guinée, le Sénégal sécurise son système financier en ne laissant pas la Société Générale Sénégal entre les mains d’investisseurs étrangers. Quoi de plus normal pour un pays sérieux, désireux de se développer, respectueux des lois et de la démocratie ?

La Société Générale Guinée, filiale du groupe français Société Générale depuis 1985, compte parmi ses actionnaires des locaux qui détiennent plus de 40 % du capital de la banque. Si la junte guinéenne avait été plus avisée et visionnaire, elle n’aurait pas laissé passer l’opportunité de participer à l’opération de retrait du groupe français en Guinée. Cette démarche aurait pu être une chance pour le pays, comme cela a été le cas dans d’autres pays africains tels que le Bénin, le Sénégal, le Congo ou le Maroc. D’autres filiales, comme la Société Générale en Côte d’Ivoire, seront prochainement rachetées par des ressortissants ou des institutions nationales de leurs pays respectifs.

En Guinée, la gestion de la SGBG a été confiée à des individus incompétents et corrompus au sein de la junte, notamment Karamoko Kaba, gouverneur de la BCRG, Djiba Diakité de la présidence, Papa Fofana, ainsi que le Premier ministre Bah Oury et d’autres acteurs dans l’ombre. Le groupe bancaire ivoirien AFG, appartenant à M. Koné, semble avoir utilisé des réseaux de lobbying et des intermédiaires pour s’emparer de ce joyau de l’industrie financière guinéenne, avec la complicité de la corruption.

Le prix d’achat de la SGBG était pourtant à la portée de nombreux Guinéens, qui auraient pu se regrouper pour acquérir la banque. L’État guinéen aurait même pu intervenir dans un premier temps, d’autant plus que la banque se porte très bien et qu’elle est considérée comme la plus rentable du groupe Société Générale en Afrique. Pour un montant inférieur à 160 millions de dollars, alors que son bénéfice net annuel dépasse les 40 millions de dollars, l’investissement aurait été récupéré en moins de quatre ans.

On se demande alors pourquoi les pays voisins nous surpassent dans tous les domaines depuis l’indépendance, alors que nous répétons sans cesse les mêmes erreurs. C’est grâce à Lansana Conté que les actionnaires guinéens minoritaires détiennent aujourd’hui plus de 40 % de la SGBG. Si la junte avait été mieux conseillée, cette part aurait pu augmenter au profit d’autres Guinéens, au lieu de négliger la cession de la première banque du pays.

C’est vraiment regrettable que les 5000 milliards de GNF (500 millions USD) empruntés par cette junte n’ont servi à aucune réalisation concrète pour les Guinéens. Aucune infrastructure n’a été construite, et maintenant, la junte envisage d’emprunter 9000 milliards de GNF (soit un milliard de dollars) auprès du secteur bancaire, en puisant dans l’épargne des Guinéens. Pourtant, elle n’a même pas été capable de mobiliser moins de 160 millions de dollars pour racheter la première banque du pays.

Voilà la triste réalité.

Abdoul Latif Diallo

Journaliste d’investigation 

Très indépendant 

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