La fracture entre le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) et la junte militaire du CNRD est désormais irréparable. L’appel à manifester lancé par le FNDC a mobilisé des milliers de personnes dans les rues de Conakry, exprimant leur colère contre une junte qui a renié ses engagements pris le 5 septembre. Cette manifestation, violemment réprimée, a déjà fait six morts, de nombreux blessés par balles et plusieurs arrestations.
Sur l’axe Cosa – Enco 5, sous la direction d’Abdoul Gadiri Cellou diallo , membre actif du FNDC, la tension était à son comble. Les manifestants ont bloqué la route, clamant leur droit à la liberté. Les forces de l’ordre ont réagi en tirant à bout portant sur les manifestants, faisant plusieurs blessés par balle, et réussissant à arrêter Abdoul Gadiri, figure de proue du mouvement.
Interrogé par notre reporter, le commandant de la CMIS d’Enco 5 a justifié ces arrestations en qualifiant les manifestants de « bandits ». « Toutes les personnes arrêtées dans les zones rouges seront transférées à la maison centrale. Une manifestation pacifique ne devrait pas bloquer les routes et entraver la libre circulation des citoyens. Nous n’avons pas arrêté des manifestants, mais des bandits », a déclaré le colonel Bangaly, commandant du CMIS d’Enco 5.
S’agissant des militants du FNDC, le colonel Bangaly a affirmé ne pas les reconnaître, arguant que le FNDC a été dissous par l’État.
Cette répression brutale soulève des inquiétudes quant au respect de la liberté d’expression et du droit de manifester sous le régime militaire du colonel Mamady Doumbouya. Les pratiques du passé qu’il prétendait combattre semblent revenir en force, laissant planer un sombre nuage sur l’avenir des libertés civiques en Guinée.
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation