L’Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT) au cœur d’un scandale financier d’une ampleur inédite. Plus de 280 milliards destinés à financer la connexion des zones rurales disparu. Le principal accusé , Mamady Doumbouya, actuel directeur général de l’ARPT, dont la gestion opaque alimente les soupçons.
Selon des sources concordantes, ces montants, payés par les opérateurs de téléphonie dans le cadre du Fonds de Service Universel géré par l’ANSUTEN, n’ont jamais été versés ni sur le compte de l’ARPT à la Banque centrale ni sur celui de l’ANSUTEN. Un trou béant dans la comptabilité, qui s’éternise depuis plus d’un an.
Les tensions au sein de l’institution ne se sont pas fait attendre. L’ancien directeur administratif et financier (DAF) de l’ANSUTEN avait , selon nos informations, exigé que ces fonds soient déposés sur le compte de l’agence. Une requête qui, non seulement, est restée lettre morte, mais lui a également coûté son poste. Une éviction qui pose question sur les pratiques internes et les marges de manœuvre laissées aux opposants à la ligne de conduite du directeur général.
Face à ces accusations, les tentatives de clarification auprès du directeur général Mamady Doumbouya sont restées vaines. Contacté par la rédaction de Dépêche Guinée, celui-ci n’a pas daigné répondre à nos questions. Interpellé à son tour, le directeur général adjoint M. Condé , a préféré s’inquiéter de la manière dont nous avions obtenu son contact plutôt que d’apporter des éclaircissements. Sa seule réponse : « Comme vous le savez, il s’agit d’une information professionnelle et confidentielle. Donc je n’échangerai pas sur ce sujet à travers un téléphone. » Une déclaration évasive qui n’a fait qu’alimenter les soupçons autour de cette affaire.
Les révélations ne s’arrêtent pas là. Selon plusieurs témoignages, le directeur général a créé sa propre société, Sky Internet, qui monopolise une large part des contrats octroyés par l’ARPT. Des contrats souvent surfacturés, qui coïncident avec une baisse préoccupante des finances de l’autorité de régulation. 280 milliards ont disparu des comptes de l’ARPT pendant que les comptes de Sky Internet connaît une croissance spectaculaire.
La dérive ne s’arrête pas aux seuls contrats. L’attribution des marchés publics sous l’ère Doumbouya se fait désormais dans une opacité totale, sans appels d’offres clairs, et souvent au profit de proches du directeur général. Le remplacement de la société de gardiennage initialement recrutée par appel d’offres par une entreprise appartenant à un cousin du DG, et ce, sans aucune procédure réglementaire.
Depuis que l’ARPT est passée sous le statut d’Autorité Administrative Indépendante (AAI), avec Djiba Diakité comme président du Conseil d’administration et Mamady Doumbouya comme directeur général, la situation s’est fortement dégradée. L’institution, jadis respectée, est désormais gangrénée par des retards de paiements chroniques envers ses prestataires. Les chauffeurs, par exemple, n’ont pas été rémunérés depuis trois mois.
Ce scandale est le reflet d’une crise systémique. L’ARPT, garante de l’équilibre du secteur des télécommunications, est désormais davantage préoccupée par la gestion de ses propres intérêts financiers que par son rôle de régulateur.
Pour l’heure, les 280 milliards manquent toujours à l’appel, tout comme les réponses claires de Mamadi Doumbouya. Le flou persiste, et avec lui, les doutes sur l’avenir de cette institution clé. Une descente aux enfers que les autorités se doivent d’arrêter, avant qu’elle ne soit irrémédiable.
Affaire à suivre
Second article
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant