Une controverse éclate suite à la publication par depecheguinee.com de deux contrats attribués dans des circonstances troubles par le Ministre des Postes, Télécommunications et Économie Numérique, Ousmane Gaoual Diallo. Réagissant à ces allégations, le ministre a invoqué l’ACGP (Administration et Contrôle des Grands Projets) comme garant de la transparence, mais un technicien de l’ACGP a rapidement exprimé son désaccord.
Ce cadre de l’ACGP a déclaré : « Il y a une différence considérable entre le montant de l’étude de l’ACGP et le montant du contrat. Il ne faut pas que le ministre Gaoual se cache derrière l’ACGP pour fuir ses responsabilités. Supposons qu’il ait raison, c’est l’ACGP qui a évalué les travaux, et le ministre peut mettre à disposition l’évaluation de l’ACGP pour permettre une vérification des montants. En tout état de cause, il y a manifestement une violation des procédures de passation des marchés publics. » Explique t,il.
Et de renchérir
« Pour comprendre les enjeux, il est important de rappeler la procédure habituelle de passation des marchés publics. Lorsqu’un ministère sectoriel a un projet, il sollicite l’ACGP pour des études techniques. Une convention est alors signée entre les deux entités, approuvée par le ministre des finances. L’ACGP réalise ensuite les études techniques, établit un devis estimatif et quantitatif, et prépare le dossier d’appel d’offres (DAO), qui est remis au maître d’ouvrage, en l’occurrence, le ministère des télécommunications, seul habilité à sélectionner l’entreprise pour les travaux . Donc comme le ministre gaoul soutient que tout est transparent il lui revient de nous dire les critères qui lui ont poussé à choisir l’entreprise Mining House car aucun article du code des marchés publics n’indique la capacité de préfinancement d’un marché comme étant un critère de sélection. Toute entreprise choisie unilatéralement par ce critère de capacité de financement procède à coup sûr à la surfacturation. D’un côté il soutient que l’entreprise n’a touché aucun centime à date de l’autre côté il rappelle que , avant tout payement, l’acgp envoie une entreprise de suivi des travaux pour s’assurer que ce qui a été préconisé dans le contrat c’est ce qui a été fait, sinon il n’y a pas de payement .Et pourtant Il ressort de ses propos qu’il y’a eu payement ».
Le cadre de l’ACGP conclut en disant que les explications fournies par le ministre dans les médias ne sont pas convaincantes. Il reste à voir si les montants en question seront réexaminés pour clarifier cette affaire qui suscite de vives préoccupations au sein de l’opinion publique guinéenne, où la méfiance envers les marchés publics surfacturés est un sujet brûlant.
Par ailleurs Les explications vaseuses qu’il fournit dans les médias a posteriori ne s’adressent donc pas à depecheguinee.com et à ses lecteurs. Ces derniers d’ailleurs ne sont pas dupes: ce n’est pas parce que l’Etat n’aurait pas encore réglé les marchés surfacturés en cause, qu’il ne le fera pas plus tard. En Guinée, comme dans tous les autres pays où sévit la mal gouvernance, certains opérateurs économiques sont de véritables « tenderpreneurs » (un mot anglais pour désigner des hommes et femmes d’affaires qui font fortune à travers des marchés surfacturés qu’ils se font attribuer et plus tard payer moyennant commissions versées aux intervenants de la chaîne de passation et de la chaîne de dépense). Mais comme les guinéens sont faciles à impressionner, c’est à peu de frais que Ousmane Gaoual Diallo entend leur prouver que depecheguinee.com leur a livré une fausse information.
Abdoul latif Diallo
Journaliste d’investigation