Au Ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME, un scandale de surfacturations et de corruption fait actuellement trembler les hautes sphères du pouvoir. La présidence de la République, alertée par des informations accablantes, a décidé d’intervenir et d’exiger des explications.
Au cœur de cette affaire se trouvent deux personnalités, Bernard Goumou et Loupou Lamah, qui semblent être les deux faces d’une même pièce. Mais c’est surtout un dossier qui attire l’attention, celui de la convention relative à l’estampillage, l’étiquetage des produits, et du projet de centre de technologie, d’inspection et de quarantaine des entrées et sorties de produits marchands en République de Guinée.
Initialement, la convention était établie entre l’État guinéen, représenté par le ministère de l’Économie et des Finances, le ministère du Commerce, de l’Industrie et des PME en tant que maître d’ouvrage, et la société Nextan, pour un coût de départ de 15 millions de dollars américains avant la transition. Cependant, Bernard Goumou, alors ministre du Commerce, de l’Industrie et des PME, a soumis une proposition de convention lors d’une réunion du conseil des ministres, fixant le coût à 35 millions de dollars américains, sans que la moindre procédure réglementaire ne soit respectée. Aucune justification n’a été apportée pour expliquer cette augmentation de 20 millions de dollars par rapport au projet initial. Il apparaît clairement que les éléments et les activités de cette convention ont été largement surfacturés.
Lorsque Bernard Goumou est devenu Premier ministre, il a été remplacé par Rose Pola Pricemou. Cette dernière a été soumise à une forte pression pour la signature de la convention, ce qu’elle a finalement fait. Cependant, le ministre de l’Économie et des Finances a bloqué la convention, créant ainsi un obstacle majeur. Finalement, le dossier est revenu au ministère du Commerce, où il devait suivre la procédure régulière. Rose Pola, ne correspondant pas aux intérêts du Premier ministre, a été remplacée par Loupou Lamah, qui s’est montré plus encline à signer et à obéir au chef du gouvernement, malgré les nombreux soupçons de corruption qui pèsent sur lui, notamment les accusations de népotisme et de surfacturations concernant la rénovation des locaux du ministère du Commerce, attribuée à l’entreprise de sa femme.
Mais quelles sont les motivations qui poussent Bernard Goumou à s’acharner autant pour obtenir la signature de cette convention au Ministère du Commerce ? La maison qui lui aurait été offerte par la société Nextan à Dakar pourrait-elle être liée à cette affaire ?
Finalement, les deux projets se sont heurtés à la décision sans appel de la présidence de la République. Dans une lettre adressée à la ministre du Commerce, de l’Industrie et des PME en date du 5 mai 2023 et copie conforme aux ministres de l’Économie et des Finances, ainsi qu’au Budget, la présidence a demandé à ce que les coûts exorbitants de ces projets soient examinés de manière exhaustive, en vue d’un rapport détaillé.
Cette intervention de la présidence met en évidence l’inquiétude croissante face aux allégations de surfacturations et de corruption qui ébranlent le Ministère du Commerce. Les coûts excessifs de ces projets soulèvent de sérieuses interrogations quant à leur légitimité et à la gestion des fonds publics.
La société Nextan, impliquée dans cette affaire, est également sous le feu des projecteurs. Les liens présumés entre Bernard Goumou et cette société, notamment l’acquisition d’une maison à Dakar, soulèvent des soupçons quant à d’éventuels conflits d’intérêts et à des pratiques douteuses.
Abdoul Latif Diallo