La SONAP, ce joyau de gestion où le mot “service public” prend des tournures dignes d’une comédie absurde. Souvenez-vous, le 21 novembre dernier, lorsque nous dénoncions une tentative pour le moins singulière , le DG, monsieur Lanciné, s’offrait un déménagement improvisé de plus de 15 voitures flambant neuves, direction sa propriété personnelle. Une manœuvre qui, à première vue, sentait bon le “je garde tout pour moi”.
Mais voilà qu’arrive le 26 décembre, et, ô surprise, une opération digne des foires de village est organisée , une tombola, rien de moins , Les noms des travailleurs inscrits sur des bouts de papier, un tirage au sort orchestré sous l’œil vigilant d’un huissier de justice, et hop, les voitures sont distribuées. Pas selon les besoins du service, pas en fonction de critères objectifs, mais par un coup de chance, ou devrions-nous dire, un coup de dés administratifs.
Et voilà certains représentants préfectoraux repartent bredouilles tandis que certains chefs de service déjà véhiculés se voient gratifiés d’un bolide supplémentaire. Pourquoi se contenter d’un seul véhicule, après tout ?
Le vrai scandale, réside ailleurs , ces voitures, acquises à coups de milliards de francs sur le dos du contribuable, ne sont même pas des biens de service. Non, elles deviennent la propriété personnelle des bénéficiaires, moyennant un modeste paiement de 25 % de leur valeur. Cerise sur le gâteau, si un bénéficiaire quitte son poste demain, il emporte le véhicule avec lui, laissant la SONAP avec une facture salée pour en acheter une nouvelle.
Amateurisme ou génie malicieux ? Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que l’argent public ici serve une loterie privée, où l’aléatoire prend le pas sur le bon sens. À ce rythme, pourquoi ne pas organiser un loto national pour financer les prochains projets de l’État ?
Entre-temps, la SONAP continue de rouler… sans carburant droit dans le mur
Abdoul Latif Diallo
Journaliste d’investigation
Très très indépendant